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comme homme inférieur à l’Esprit-Saint, car il s’est ainsi exprimé : « Quiconque parle contre le Fils de l’homme, le péché lui sera remis ; mais si quelqu’un parle contre le Saint- Esprit, le péché ne lui sera pas remis ( Matt., XII, 32 ) ». C’est aussi comme homme que Jésus-Christ rapporte ses miracles à l’opération de cet Esprit divin. « Si je chasse, dit-il, les démons par l’Esprit de Dieu, le royaume de Dieu est donc arrivé jusqu’à vous (Luc, XI, 20 ) ». On sait encore qu’ayant lu dans la.synagogue de Nazareth te passage suivant d’Isaïe, il s’en fit à lui même l’application : « L’Esprit du Seigneur est sur moi ; il m’a consacré par son onction pour évangéliser les pauvres, et annoncer aux captifs leur délivrance ( Isaïe, LXI, 1 ; Luc, IV, 18 ) ». Ainsi Jésus-Christ ne se reconnaît envoyé pour ces œuvres, que parce que l’Esprit du Seigneur est sur lui.

Comme Dieu, il a fait toutes choses, et comme homme, il a été formé d’une femme et assujetti à la loi ( Jean I, 3 ; Galat., IV, 4 ). Comme Dieu, il est un avec le Père, et comme homme, il n’est pas venu faire sa volonté, mais la volonté de Celui qui l’a envoyé. Comme Dieu, « il lui a été donné d’avoir la vie en soi, ainsi que le Père a la vie en soi ( Jean, X, 30, VI, 38, V, 26 ) » ; et comme homme, il s’écrie au jardin des Oliviers : « Mon âme est triste jusqu’à la mort » ; et encore : « Mon Père, s’il est « possible, que ce calice s’éloigne de moi ( Matt., XXVI, 38, 39 ) ». Comme Dieu, « il est lui-même le vrai Dieu et la vie éternelle », et comme homme, « il s’est fait obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix ( I Jean, V, 20 ; Philipp., II, 8 ) ». 23. Enfin, comme Dieu, il possède tout ce qui est au Père, selon ce qu’il a dit lui-même : « Mon Père, tout ce qui est à moi, est à vous ; et tout ce qui est à vous, est à moi » ; comme homme, il avoue que sa doctrine n’est pas de lui, mais de Celui qui l’a envoyé ( Jean, XVI, 15, XVII, 10, VII, 16 ).


CHAPITRE XII.

AUTRES PASSAGES RELATIFS AUX DEUX NATURES.


Quant au jour et à l’heure du jugement dernier dont Jésus-Christ a dit que « nul ne les sait, non pas même les anges des cieux, ni le Fils, mais seulement le Père ( Marc, 16, 32 ) », il faut observer qu’il ne les savait pas, par rapport à ses disciples, puisqu’il ne devait point les leur faire connaître. C’est ainsi que l’Ange dit à Abraham : « Je sais maintenant que tu crains Dieu », c’est-à-dire que cette épreuve m’a prouvé que tu craignais Dieu ( Gen., XXII, 12 ).Au reste, Jésus-Christ se proposait de révéler en temps opportun ce secret à ses apôtres, ainsi qu’il le leur insinue par ces paroles, où le passé est mis pour le futur : « Je ne vous appellerai plus serviteurs, mais je vous donnerai le nom d’amis. Car le serviteur ne sait pas ce que veut faire son maître. Or je vous ai appelés mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père ( Jean, XV, 15 ) ». Il ne l’avait pas encore fait, mais parce qu’il devait certainement le faire, il en parle comme d’une chose accomplie : « J’ai encore, avait-il ajouté, beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter à présent ( Id., XVI, 12 ) » Parmi ces choses étaient sans doute compris le jour et l’heure du jugement.

L’Apôtre écrit également aux Corinthiens : « Je n’ai pas prétendu parmi vous savoir autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié n. C’est qu’en effet il écrivait à des fidèles qui étaient incapables de s’élever jusqu’aux sublimes mystères de la divinité du Christ. Aussi leur dit-il peu après : « Je n’ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des personnes encore charnelles ( I Cor., II, 2, III, 1 ) ». Il ne savait donc point pour les Corinthiens ce qu’il ne pouvait leur apprendre, et il témoignait ne savoir que ce qu’il était nécessaire qu’ils apprissent. Au reste il savait bien pour les parfaits ce qu’il ne savait pas pour les enfants, car il dit lui-même : « Nous prêchons la sagesse aux parfaits ( I Cor., II, 6 ) ». Ainsi on dit qu’un homme ne sait pas une chose, quand il doit la tenir cachée ; tout comme l’on affirme ne pas connaître le piége que l’on ne doit pas découvrir. Et en effet, l’Ecriture s’accommode à notre langage ordinaire, parce qu’elle s’adresse à des hommes.

24. C’est comme Dieu que Jésus-Christ a dit : « Le Seigneur m’a engendré avant les collines », c’est-à-dire avant toutes les créatures, même les plus excellentes ; « et il m’a enfanté avant l’aurore », c’est-à-dire avant tous les temps et tous les siècles ( Prov., VIII, 25 ). Mais c’est comme homme qu’il a dit : « Le Seigneur m’a créé au commencement de ses voies ( Prov., VIII, 22 ). En tant que Dieu, Jésus-Christ a dit : « Je suis la vérité »,