Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XII.djvu/330

Cette page n’a pas encore été corrigée

dévoré de soif dans les enfers, que lui importait un tombeau de marbre ? Que faisaient au pauvre ses haillons et ses ulcères, pendant qu’il repose dans le sein d’Abraham ? Le riche aperçut de loin, dans son repos, le pauvre qu’il avait méprisé gisant à la porte de son palais. Choisissez entre ces deux morts ; dites-moi quel est celui des deux qui a fait une bonne mort, quel est celui qui en a fait une mauvaise ? Il me semble que la mort du pauvre est de beaucoup préférable à celle du riche. Tenez-vous à être enseveli dans les aromates, et à sentir la soif vous dévorer en enfer ? Non, me répondez-vous. Du moins je suppose que telle est votre réponse. Donc vous apprendrez à bien mourir si vous apprenez à bien vivre. La récompense d’une bonne vie est une récompense éternelle.

CHAPITRE XIII. LES BONS ET LES MAUVAIS AUDITEURS.

14. Ceux qui s’instruisent prouvent qu’ils sont chrétiens ; ceux qui écoutent et ne s’instruisent pas, quel intérêt inspirent-ils au semeur ? Ni la dureté du chemin, ni les pierres, ni les épines n’effraient la main du semeur qu’il jette ce qui lui appartient. Celui qui craint que la semence ne tombe sur une terre mauvaise, s’arrête avant d’arriver à la bonne terre. Nous, du moins, nous parlons, nous jetons et dispersons la semence. Parmi nos auditeurs il en est qui méprisent, il en est qui se plaignent, il en est qui rient. Si nous craignons tous ces auditeurs, il ne nous est plus possible de semer et nous devons nous attendre à mourir de faim à la moisson. Que la semence arrive donc jusqu’à la bonne terre. Je sais que celui qui écoute et qui écoute sérieusement sent en lui quelque chose défaillir et quelque alose progresser ; il déchoit à l’iniquité et il progresse dans la vérité ; il déchoit au siècle, et il fait des progrès vers Dieu.


CHAPITRE XIV. QUEL EST LE VÉRITABLE MAITRE ?

15. Quel est, en effet, le maître qui nous enseigne ? Ce n’est point tout homme, quel qu’il soit, mais un apôtre. Et encore, si c’est l’Apôtre qui parle, ce n’est pas lui qui enceigne. « Est-ce que vous voulez éprouver la puissance de Jésus-Christ qui parle par ma bouche ? » C’est Jésus-Christ qui enseigne, et il a sa chaire au ciel, comme je le disais il n’y a qu’un instant. Son école est sur la terre, et cette école c’est son corps. La tête instruit les membres, la langue parle aux pieds. C’est Jésus-Christ qui enseigne : écoutons, craignons, obéissons. Gardez-vous de mépriser Jésus-Christ lui-même, car c’est pour vous qu’il est né dans la chair, se revêtant des baillons de notre mortalité ; c’est pour vous qu’il a eu faim et soif, pour vous qu’il s’est assis fatigué sur les bords du puits ; pour vous que fatigué il s’est endormi dans la barque ; pour vous qu’il a reçu des injures atroces ; pour vous qu’il s’est laissé cracher au visage ; pour vous qu’il a été souffleté ; pour vous qu’il a été attaché sur la croix ; pour vous qu’il est mort, pour vous qu’il a été déposé dans le tombeau. Serait-ce tout cela que vous mépriseriez en Jésus-Christ ? Voulez-vous savoir qui il est ? Rappelez-vous l’Evangile que vous avez entendu : « Mon Père et moi nous sommes un  ».

16. Unis au Seigneur, prions-le pour nous-mêmes et pour tout ce peuple réuni avec nous dans la demeure du Tout-Puissant ; demandons qu’il daigne garder et protéger ce peuple, par son Fils Jésus-Christ Notre-Seigneur qui vit et règne avec lui dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.