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et cependant il est toujours vrai de dire qu’on a bon siège en tel lieu. De même croyez que Jésus-Christ habite à la droite de Dieu le Père ; c’est là son séjour. Ne demandez pas : que fait-il ? Ne cherchez pas ce que vous ne devez pas trouver ; il est là, que cela vous suffise. Il est heureux de ce bonheur infini qui s’appelle la droite du Père. Loin de vous sur ce point toute idée charnelle, car alors nous devrions dire que c’est à la gauche du Père que Jésus-Christ est assis. Et en effet pourrions-nous admettre que le Fils soit à droite tandis que le Père serait à gauche ? Au ciel la droite est partout, car partout est le bonheur sans aucun mélange de misère.

12. « De là il viendra juger les vivants et les morts ». Les vivants qui survivront à la ruine du monde ; les morts antérieurement frappés par le trépas. On peut également dire que les vivants ce sont les justes, tandis que les morts ce sont les pécheurs. En effet Jésus-Christ juger,a les uns et les autres et rendra à chacun selon ses œuvres. Dans ce jugement il sera dit aux justes : « Venez, bénis de mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé depuis le commencement du monde ». Rendez-vous dignes de cette récompense, espérez-la, vivez, croyez et recevez le baptême, de telle sorte qu’il puisse vous être dit : « Venez, bénis de mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé depuis le commencement du monde ». Et à ceux qui seront à gauche, que sera-t-il dit ? « Allez au feu éternel, qui a été préparé pour le démon et ses anges  ». C’est ainsi que Jésus-Christ jugera les vivants et les morts. Nous avons parlé de la naissance éternelle du Fils de Dieu dans le sein de son Père ; de la naissance temporelle de Jésus-Christ fils d’une Vierge, de sa passion et du jugement dernier. C’est là tout ce que nous avions à dire de Jésus-Christ, Fils. unique de Dieu,. Notre-Seigneur ; mais nous ne connaissons pas encore toute la Trinité.



CHAPITRE V. LE SAINT-ESPRIT EST DIEU.

13. Le Symbole ajoute. « Et au Saint-Esprit ». Cette Trinité est un seul Dieu, une seule nature, une seule substance, une seule puissance, une souveraine égalité, sans aucune division, sans aucune différence, et avec une perpétuelle charité. Voulez-vous savoir si le Saint-Esprit est Dieu ? Recevez le baptême et vous deviendrez son temple. L’Apôtre ne dit-il pas : « Ne « savez-vous pas que vos corps sont le temple du Saint-Esprit, que vous avez reçu de Dieu  ? » Dieu a un temple : car Salomon, roi et prophète, a reçu l’ordre de construire un temple au Seigneur. S’il bâtissait un temple au soleil, à la lune, à une étoile ou à un ange quelconque, est-ce que Dieu ne condamnerait pas son entreprise ? Or, en bâtissant un temple à Dieu, il s’est montré l’adorateur du Très-Haut. De quels matériaux s’est-il servi ? De bois et de pierres ; parce que Dieu a daigné recevoir de son serviteur une demeure sur la terre, pour y recevoir à son tour nos prières et y recueillir nos adorations. De là ces paroles de saint Etienne : « Salomon lui a construit une demeure, mais le Très-Haut n’habite point dans les temples faits de mains d’hommes ». Si donc nos corps sont le temple du Saint-Esprit, quel est ce Dieu qui a construit un temple au Saint-Esprit ? C’est Dieu lui-même.

Car si nos corps sont le temple du Saint-Esprit, celui qui a bâti nos corps, n’a-t-il. point par là même élevé un temple au Saint-Esprit ? Ecoutez l’Apôtre : « Dieu a mis un tel ordre dans tout le corps, qu’on honore davantage ce qui en soi était moins honorable  » ; il parlait des divers membres dont l’organisation est telle qu’il n’y a aucune division dans le corps. Dieu a créé notre corps. Si c’est Dieu qui a créé l’herbe des champs, qui donc a créé notre corps ? Comment prouvons-nous que c’est Dieu qui a créé l’herbe des champs ? Celui qui lui donne le vêtement, n’est-ce pas aussi celui qui la crée ? Lisez l’Evangile : « Si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs qui est aujourd’hui et demain sera jetée dans la fournaise ». Celui qui la revêt, c’est donc celui qui la crée. Et l’Apôtre que dit-il ? « Insensé que vous êtes ! ce que vous semez ne reprend point de vie, s’il ne meurt auparavant. Et quand vous semez, vous ne semez pas le corps de la plante qui doit naître, mais la graine seulement, comme du blé ou de quelqu’autre chose. Mais Dieu lui donne un corps tel qu’il lui plaît, et il donne à chaque semence le corps qui est propre à chaque plante  ». Si donc Dieu construit nos corps et organise nos membres, et si nos