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DE LA DIVINATION DES DÉMONS.


eux, si eux-mêmes n’avaient pas dû lui résister en l’attaquant. Aussi le Psalmiste l’avait ainsi prophétisé :

« Pourquoi les nations ont-elles frémi, et pourquoi les peuples ont-ils formé de vains complots ? Les rois de la terre se sont levés, et les princes se sont assemblés contre le Seigneur et contre son Christ ». — Mais il ajoute bientôt : « Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon fils ; je vous ai engendré aujourd’hui. Demandez-moi, et je vous donnerai les nations pour votre héritage et j’étendrai votre empire jusqu’aux extrémités de la terre[1] ». C’est ce qui dictait déjà les paroles précitées d’un autre psaume : « La terre dans toute son étendue se souviendra de ces choses et se convertira au Seigneur » . — Ces prophéties majestueuses annonçaient évidemment un fait réalisé par Jésus-Christ, à savoir, que le Dieu d’Israël, par nous reconnu comme le seul vrai Dieu, serait honoré bientôt non pas seulement dans cette unique nation qui s’est appelée Israël, mais par tous les peuples, et que tous les faux dieux des nations seraient par lui arrachés et de leurs temples, et des cœurs mêmes de leurs adorateurs.

CHAPITRE X.
LES TRISTES RESTES DES PAÏENS VANTENT EN VAIN LEUR SCIENCE ET LEUR SAGESSE.

14. Qu’ils viennent maintenant, ces vaincus ; et qu’en face de la religion chrétienne et contre le culte du vrai Dieu, ils osent batailler encore en faveur de veilleries puériles, afin de périr sans doute avec quelque bruit. Car le psaume leur prédit encore ce sort misérable, et voici les paroles du Prophète :

« Vous vous êtes assis sur votre trône, vous qui jugez selon la justice. Vous avez condamné les nations, et l’impie a péri ; vous avez effacé leur nom pour toute l’éternité et pour les siècles des siècles. Les armes de l’ennemi ont perdu leur force pour toujours et vous avez détruit leurs villes. Leur mémoire a péri avec grand bruit ; mais le Seigneur demeure éternellement[2]. Il faut absolument que tout cela s’accomplisse ; et si ce petit nombre d’ennemis qui survivent osent encore vanter leurs doctrines gonflées de vent, et se moquer des chrétiens comme d’ignorants inhabiles, nous ne devons pas être surpris de cette accusation, puisque nous y voyons se réaliser une prophétie de plus.

En effet, cette inhabileté, cette folie des chrétiens, où se dévoile la plus haute, la seule véritable sagesse aux yeux des humbles et des saints, qui l’étudient avec amour : oui, c’est elle, c’est cette prétendue folie des chrétiens qui a réduit leurs adversaires à n’être plus qu’une infime minorité, parce que, selon le mot de l’Apôtre : « Dieu a rendu insensée la sagesse de ce monde » ; aussi ajoute-t-il un trait admirable à qui sait le comprendre, quand il poursuit : « En effet, Dieu voyant que le monde avec la sagesse humaine, ne l’avait point connu dans les ouvrages de sa sagesse divine, il lui a plu de sauver par la folie de la prédication ceux qui croiraient en lui. Car les Juifs demandent des miracles et les gentils cherchent la sagesse ; et nous, nous prêchons Jésus-Christ crucifié, lequel est un scandale pour les Juifs, et une folie pour les Gentils ; mais il est la force de Dieu et la sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, soit Juifs, soit Gentils ; parce que ce qui paraît en Dieu une folie, est plus sage que la sagesse des hommes, et ce qui paraît en Dieu une faiblesse, est plus fort que toute la force des hommes[3] ».

Qu’ils se moquent donc, et de tout leur possible, de notre prétendue ignorance et de notre folie, et qu’ils vantent leur science et leur sagesse. Ce que je sais, c’est que nos insulteurs sont déjà moins nombreux cette année qu’ils ne l’étaient l’an dernier. Car depuis l’époque où les nations ont frémi, et où les peuples ont vainement comploté contre le Seigneur et contre son Christ, alors qu’ils versaient le sang des saints et qu’ils ravageaient l’Église, jusqu’au temps présent et dans les âges qui suivront, ils diminueront en nombre de jour en jour. Quant à nous, nous sommes fortifiés à l’infini contre leurs opprobres et leurs moqueries superbes, par les oracles de notre Dieu, que nous voyons sur ce point même, que nous sommes heureux de voir se vérifier toujours. Car c’est à nous qu’il déclare par son Prophète :

« Écoutez-moi, vous qui connaissez la justice ; vous, mon peuple, qui avez ma loi gravée dans vos cœurs ; ne craignez point les opprobres des hommes ; ne vous laissez pas vaincre par leurs outrages ; et s’ils vous

  1. Psal. II, 1, 2.
  2. Ps. IX, 5-8.
  3. I Cor. I, 20-25.