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deux motifs semblables que nous portons aussi, dans nos mains, des rameaux d’oliviers et des palmes. Nous portons des rameaux d’oliviers pour montrer que nous avons la paix avec Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont nous nous préparons à recevoir bientôt le corps. Nous portons aussi des palmes, pour faire voir que nous avons triomphé du diable, à qui nous avons dû livrer une grande bataille pendant ce carême. Chacun de nous, frères bien-aimés, doit soigneusement s’examiner pour savoir s’il a réellement fait la paix avec Notre-Seigneur Jésus-Christ, et s’il a vraiment remporté là victoire sur le démon, avec qui nous avons dû combattre sérieusement. Celui-là a fait sa paix avec le Sauveur et triomphé du diable, qui, après avoir offensé Dieu dans le cours de cette année, a effacé ses fautes pendant le carême, en priant, en se livrant fréquemment aux veilles, en mortifiant son corps par de longs jeûnes, en donnant aux pauvres les aliments dont il se privait lui-même. Évidemment, le jeûne devient inutile si, avec la valeur de la nourriture dont on se prive, on flatte son propre corps au lieu de subvenir aux besoins des indigents ; car il est de toute justice que les pauvres trouvent leur soulagement corporel dans les épargnes faites sur notre propre entretien. Mais quiconque a, pendant cette quarantaine, souillé son corps du péché de luxure, refusé de donner aux pauvres quelque chose de son bien, entretenu en son cœur le feu de l’envie, négligé de s’adonner aux veilles et à la prière, employé la fraude pour dérober ce qui appartient à autrui, celui-là n’a certainement pas la paix avec Dieu ; il n’a pas, non plus, triomphé du diable, parce qu’il n’a pas mis sa volonté à l’unisson de celle de Dieu et qu’il a, au contraire, courbé la tête en toute circonstance devant l’esprit malin.

3. Mes très-chers frères, si, dès le commencement de cette sainte quarantaine, vous vous êtes adonnés aux bonnes œuvres, je vous engage à vous y adonner aujourd’hui avec plus de zèle encore ; ingéniez-vous à obéir à Dieu en toutes choses, car personne ne peut lui plaire, après avoir bien commencé, qu’à la condition de persévérer jusqu’à la fin dans la voie de la vertu où il s’est une fois engagé. Mettez donc toute votre attention et tous vos soins, frères bien-aimés, à jeûner et à faire des aumônes, à vaquer à l’oraison et à toutes sortes de bonnes œuvres, à rendre bien vite au prochain ce que, dans un mauvais moment, vous auriez pu lui ravir, imitant en cela l’exemple de Zachée, qui, par amour pour Dieu, rendait au quadruple ce dont il pouvait avoir fait tort aux autres. Au temps voulu, donnez généreusement et de bon cœur la dîme et les prémices, et si quelqu’un vous a offensés, pardonnez-lui sa faute pour l’amour de Dieu ; en agissant ainsi, vous pourrez chanter l’oraison dominicale, non pour votre condamnation, mais pour votre salut. Montrez-vous, autant que possible, riches en toutes sortes de bonnes œuvres ; et, quand viendra la solennité de Pâques, votre corps sera pur, votre âme sera chaste pour recevoir le corps et le sang du Sauveur, et vous mériterez d’entrer dans la gloire éternelle, dont la fête de Pâques est l’emblème. Puissiez-vous recevoir cette grâce de celui qui vit et règne, avec le Père et le Saint Esprit, dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.