Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/724

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sauveur du monde a daigné entrer dans cette piscine ; hâtez-vous donc, « du temps qu’il fait jour, dans la crainte d’être surpris par les ténèbres[1] ». Si nombreuses que soient les blessures faites à vos cœurs par le péché, si hideuses que soient les taches imprimées à votre âme par vos fautes, nous les cicatriserons, nous les ferons disparaître avec l’eau vive du baptême : votre conscience y sera purifiée de toutes vos anciennes iniquités, une lumière toute spirituelle y sera répandue en vous ; c’est ainsi que, par mon ministère, s’accomplira parfaitement en votre personne le grand mystère de ce jour ; c’est ainsi que le ciel s’ouvrira pour vous, et que je vous ferai voir le Christ, Notre-Seigneur, à qui l’honneur, la puissance et la gloire appartiennent pendant les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

QUARANTE-SIXIÈME SERMON.
POUR LE CARÊME[2]. I

Mes bien-aimés, le Prophète, dont nous venons de lire les paroles, nous ordonne d’annoncer le jeûne, de prêcher la guérison. Il donne, mes très-chers frères, le nom de guérison au jeûne, c’est-à-dire au temps de la Quadragésime, dans lequel nous entrons. Voici donc venir le médecin ; que les malades qui veulent être guéris se préparent. Ce médecin, mes amis, est un véritable homme de l’art, et il ne ressemble en rien à ces hommes qui font de la médecine, qui peuvent bien donner leurs soins aux infirmes, mais qui né sauraient donner la santé. Que dit le Prophète ? « Annoncez le jeûne, prêchez la guérison[3] ». Au mot de prédication il joint celui de guérison, afin de donner le ferme espoir de la guérison à quiconque désire revenir à la santé. Cette guérison a Dieu pour auteur, mes très-chers frères ; car tous les médecins sont eux-mêmes des malades, s’ils n’ont pas encore récupéré la santé en prenant ce remède. Par conséquent, mes amis, il faut montrer à Dieu toutes ses plaies. Un mal renfermé devient dangereux : l’abcès qu’on n’ouvre pas fait doublement souffrir !

  1. Mat. 12, 35
  2. Voir le premier supplément, sermon LXV.
  3. Jol. 1, 14