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méchants. Que personne ne cherche à se tromper soi-même, mes frères : de même que nous voyons de nos yeux l’accomplissement de toutes ces prophéties, nous verrons aussi l’accomplissement de celles relatives au jour du jugement, au châtiment des méchants et à la récompense des justes. C’est pourquoi, que chacun d’entre nous, tant que Dieu nous accorde le pouvoir et la grâce nécessaires, s’efforce d’éviter le péché et de pratiquer ce qui est bien ; afin qu’en ce jour terrible et si redoutable nous ne soyons point précipités, avec les impies et les pécheurs, dans les flammes éternelles, mais que nous méritions de participer, avec les âmes justes et craignant Dieu, à la récompense éternelle. Puissions-nous obtenir cette faveur de celui à qui appartiennent l’honneur et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

DIXIÈME SERMON. SUR CES PAROLES DE L’ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU (XXV, 31,32) : « QUAND LE FILS DE L’HOMME VIENDRA DANS SA MAJESTÉ, ET TOUS LES ANGES AVEC LUI, IL S’ASSIÉRA SUR LE TRÔNE DE SA MAJESTÉ, ET TOUTES LES NATIONS SERONT RASSEMBLÉES DEVANT LUI, ETC. » L’AUMÔNE.

ANALYSE. —1. Le précepte de l’aumône prouvé par les paroles du jugement.—2. On doit faire l’aumône pour mériter le ciel.—3. L’aumône est un prêt à usure parfaitement légitime.

1. Nous avons entendu, mes frères bien-aimés, quand on nous a lu le saint Évangile, une parole de Notre-Seigneur qui est capable d’exciter à la fois notre terreur et nos désirs, notre crainte et notre amour. Elle est terrible en tant qu’elle est formulée en ces termes : « Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel[1] » ; elle est capable d’exciter nos désirs, parce qu’elle est formulée aussi en ces autres termes : « Venez, vous qui êtes les bénis de mon Père, recevez le royaume[2] ». Qui pourrait, en entendant ce langage, ne pas éprouver un sentiment de terreur et un sentiment de joie ? Un sentiment de joie, parce que le Christ daigne promettre un royaume aux chrétiens, ses serviteurs ; un sentiment de terreur, parce qu’il menace les pécheurs des flammes éternelles. Je vous prie, mes frères, d’écouter toujours la lecture de ces paroles avec un cœur attentif et avec toute la vigilance d’esprit dont vous êtes capables ; et parce qu’il n’est pas difficile de les graver dans la mémoire, n’en perdez jamais de vue le souvenir, méditez-en au contraire toute la force et la sublime énergie. Quiconque lira ce passage avec une attention soutenue, alors même que le reste de l’Écriture lui serait complètement inconnu, y trouvera un motif suffisant pour pratiquer toute sorte de bonnes œuvres et pour fuir toute œuvre mauvaise. Soyez attentifs, mes frères, et voyez en quels termes le Seigneur annonce qu’il parlera à ceux qui seront placés à sa droite : « Venez », leur dira-t-il ; « vous qui êtes les bénis de mon Père, prenez possession du royaume ; car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire[3] », et le reste qui suit dans le texte. « Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel qui a été préparé pour le démon et pour ses anges. Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez point donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez point donné à boire[4] ». Considérez bien ces paroles, mes frères bien-aimés, et voyez que le Sauveur n’a point dit. Retirez-vous de moi, maudits, parce que vous vous êtes rendus coupables de

  1. Mat. 25, 41
  2. Id. 34
  3. Mat. 25, 35
  4. Id. 41-42