l’esprit d’intelligence ; alors l’aliment spirituel de sa parole retient en de justes bornes notre appétit sensuel ; il fortifie notre âme, et, ainsi, la faim corporelle ne peut plus briser ses forces, et la volupté devient incapable de la dompter. Voilà pourquoi le Sauveur lui-même a répondu à celui qui le tentait : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu[1] ». Il voulait, par là, nous montrer clairement que ce pain intérieur répare les forces épuisées de l’âme, et qu’il ne faut pas se tourmenter, si, pour un temps, l’on souffre de la faim matérielle. Pour combattre la gourmandise, nous recevons donc l’esprit d’intelligence : cet esprit débarrasse notre cœur de toutes ses souillures et le purifie : il applique sur notre œil intérieur, en guise de collyre, la connaissance de la parole divine ; il le guérit et le rend si clairvoyant, que celui-ci devient assez perspicace pour contempler l’éclat de la divinité même. Le remède à la gourmandise, c’est donc l’Esprit d’intelligence qui produit dans le cœur la pureté : et cette pureté du cœur mérite à son tour de jouir de la vision de Dieu, selon qu’il est écrit : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu[2] !
10. « Délivrez-nous du mal ». Telle est la septième prière qui a trait à la luxure. Il est éminemment convenable que l’esclave demande sa liberté ; aussi cette prière a-t-elle pour résultat d’obtenir l’esprit de sagesse, qui doit rendre aux captifs la liberté qu’ils ont perdue, et les délivrer du joug d’une infâme servitude. Sagesse dérive de saveur : en effet, l’âme, attirée par les charmes de l’éternelle douceur, se recueille déjà en elle-même, ne fût-ce que par ses désirs, et ne trouve plus au-dehors, dans les voluptés de la chair, le principe dissolvant qui l’énervait. Dès que, par son onction, l’esprit de sagesse se met en contact avec notre cœur, il tempère l’ardeur de la concupiscence de nos membres, et, après l’avoir calmée et assoupie, il fait naître en nous la paix intérieure ; notre âme tout entière se renferme dans la jouissance des plaisirs spirituels, et en l’homme se rétablit pleinement et parfaitement l’image de Dieu, suivant cette parole de l’Écriture : « Bienheureux les pacifiques, parce qu’ils seront appelés enfants de Dieu[3] ». Puisqu’il nous a ordonné de le devenir, puisse cette grâce nous être accordée par Notre-Seigneur Jésus-Christ Dieu, qui vit et règne, avec le Père et l’Esprit-Saint, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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