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et en parle hautement en ces termes : « Je vous ai déclaré mon crime et n’ai point caché mon iniquité. Je confesserai contre moi mes prévarications ; Seigneur, vous m’avez pardonné l’énormité de mon crime[1] ». Voyez, mes bien-aimés frères, quels sont les fruits et les avantages de la confession de nos fautes ! « Seigneur, je confesserai contre moi mes prévarications ». Qu’est-ce que le Psalmiste ajoute immédiatement après ces paroles ? « Et vous m’avez pardonné l’énormité de mon crime ». Quel remède efficace ! Quelle rapide guérison ! Montrer ses plaies au médecin, et en recevoir aussi vite la santé ! Lui faire voir la cause du mal, et se trouver, au même instant, garanti contre la douleur ! À peine as-tu ouvert la bouche pour faire l’aveu de tes faiblesses, que déjà tu as obtenu ton pardon. Est-il à mépriser le médecin qui, sans tarder un moment, « guérit les cœurs brisés et cicatrise leurs blessures[2] », qui ne manifeste à ses malades aucun ennui de les entendre, et n’épouvante aucun de ceux qui ont recours à lui, en leur parlant de la gravité de leurs blessures ; qui les invite, au contraire, à s’approcher de lui, et leur adresse ces pressantes paroles par la bouche du prophète Isaïe : « J’effacerai moi-même tes iniquités ; je veux oublier tes crimes ?[3] » Mais toi, ne les oublie pas : « Confesse d’abord tes iniquités, et tu seras justifié ». Admirable bonté de Dieu ! Que son indulgence est digne de nos louanges ! L’aveu de nos fautes sera suivi, non pas du châtiment, mais du pardon ; il nous le promet, car il dit : « Confesse d’abord tes iniquités, et tu seras justifié[4] ». Ce que les justes obtiennent en travaillant à l’œuvre de leur sanctification, tu l’obtiendras toi-même en faisant pénitence.
3. Profitons avec empressement, mes très chers frères, de la bonté sans égale du médecin qui nous appelle à lui ; ne rougissons pas de lui dévoiler les plaies de nos égarements ; ainsi pourrons-nous revenir à la santé. N’allons pas dissimuler les infirmités de notre âme et traîner longuement dans nos mauvaises habitudes ; car, évidemment, nous tomberions en danger de mort. Daigne nous préserver d’un pareil danger celui qui a dit : « Je ne veux point la mort de l’impie, mais je veux qu’il se convertisse et qu’il vive[5] ». N’est-il pas le maître des destinées de l’homme ? Gloire donc à lui, qui vit et règne dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

TRENTIÈME SERMON. SUR LA CONFESSION.

ANALYSE. —1. Pour accorder aux hommes son pardon, Dieu les invite à se convertir, mais ils ne l’écoutent pas. —2. Exhortation à ne plus vivre de la vie d’un monde qui passe. —3. Excellence de la pénitence et de la conversion démontrée par l’exemple de Jonas et des Ninivites. —4. Il nous faut pratiquer la pénitence pour être dignes de participer aux mérites de la mort que le Christ a soufferte pour nous.
1. Jamais le Dieu tout-puissant ne refusera sa miséricorde aux hommes qui obéiront avec foi à ses commandements, et toutes les fois que notre cœur sera prêt à reconnaître ses fautes, le Seigneur nous en accordera aussitôt le pardon. C’est son désir constant, pourvu que le pécheur ne se complaise pas dans le mal ; car voici ce qu’il dit par l’intermédiaire du Prophète : « Revenez à moi, et je reviendrai à vous[6] ». Il envoie des hérauts, on les méprise ; il appelle à lui les pécheurs, et les pécheurs ne se convertissent pas. Viendra le jour du jugement, où ils demanderont et ne seront pas exaucés. Le Sauveur leur dit : « Revenez de vos voies criminelles[7] » ; ils répondent :

  1. Psa. 31, 5
  2. Id. 146, 3
  3. Isa. 13, 25
  4. Id. 26
  5. Eze. 33, 11
  6. Zac. 1,3
  7. Id. 4