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Quant à nous, nous comparons le Maître du ciel à l’empereur de la terre : celui-ci est un homme dans la pourpre, et la pourpre se trouve en lui ; mais la couronne placée sur sa tête, entraîne de droit pour lui la faculté de porter la pourpre, et signifie qu’en lui la puissance impériale est une. Ainsi en est-il de la Trinité : le Père est dans le Fils, et le Fils est dans le Père ; pour le Saint-Esprit, il est le trait d’union entre l’un et l’autre : c’est la puissance et l’unité de la Trinité.

VINGT-SEPTIÈME SERMON. SUR LE JUGEMENT DERNIER.

ANALYSE. —1. Les bons récompensés. —2. Les méchants condamnés. —3. Conclusion.
1. « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa majesté, il s’assoiera sur le trône de sa gloire, et toutes les nations seront assemblées devant lui, et il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis a d’avec les boucs, et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Alors, il dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, ô bénis de mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde[1] » ; où se trouve la lumière inextinguible, où l’on goûte éternellement le bonheur, où l’on puise la vie sans fin de l’immortalité, où l’on partage à toujours la joie des anges et des Apôtres, où habite la lumière de la lumière et la source de la lumière, où l’on voit la cité des saints, la Jérusalem céleste, où les martyrs et les patriarches sont réunis avec Abraham, Isaac, Jacob et tous les élus, où les joies ne sont point suivies de douleur et de tristesse, où l’on ne verra ni les ombres de la nuit, ni la caducité de la vieillesse, où chacun éprouvera un insatiable amour et une paix particulière, où l’on aura pour témoins les esprits bienheureux et toutes les puissances, où Dieu nous donnera la manne, c’est-à-dire, des aliments célestes, et nous rendra participants de la vie des anges, où, enfin, car je voudrais tout dire d’un seul mot, l’on ne ressentira ni mal, ni douleur, et où nous jouirons de tous les biens. À ces paroles du Sauveur, les justes demanderont : Seigneur, pourquoi nous avez-vous préparé une si grande gloire, une gloire si parfaite ? Et le Christ leur dira : Voici pourquoi : Vous avez eu la miséricorde et la foi, la charité et la patience, la longanimité, la douceur et la justice, la continence et l’humilité ; vous vous êtes montrés hospitaliers, affables et joyeux pour les pèlerins et les étrangers, amis de la justice et de la vertu ; les maux du prochain vous ont attristés, comme son bonheur vous a réjouis ; vous avez ressenti de la joie à voir ceux à qui n’échappait pas même une parole inutile ; la crainte de Dieu vous a saisis à la vue de ceux mêmes qui ne transgressent point leurs obligations et n’oublient ni un iota, ni un point de la loi du Seigneur ; vous n’avez reçu aucun présent pour opprimer les innocents et dire le mensonge au lieu de la vérité ; de votre cœur et de votre corps vous avez retranché le vice, vous avez considéré comme rien ce bas monde ; vous avez renoncé non-seulement au diable et à ses œuvres, au monde et à ses pompes, mais encore à vous-mêmes, et vous avez pris sur vous la croix de Jésus-Christ, pour le suivre fidèlement. – Seigneur, reprendront les justes, quand avez-vous remarqué en nous tout ce bien ? Quand avons-nous fait aux autres ce qu’il vous appartient de leur faire ? Et il leur dira : « En vérité, je vous le dis : ce que vous avez fait pour l’un des moindres de mes frères, vous

  1. Mat. 25, 31-34