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ajoutent à leurs supplications l’appoint de leur présence, et nous entretenons ainsi avec eux des rapports en quelque sorte familiers. Ils sont, en effet, continuellement avec nous ; ils y demeurent toujours ; en d’autres termes, ils nous guérissent pendant le cours de notre vie mortelle, et, à l’heure de notre mort, ils nous reçoivent dans leurs bras. Ici-bas, ils détournent de nous la lèpre du péché et les maladies, et, dans l’autre monde, ils nous empêchent de tomber dans les noirs abîmes de l’enfer. Aussi les anciens nous ont-ils appris à donner à nos corps une place auprès des reliques des saints : l’enfer a peur d’eux, et ses supplices ne seront par conséquent point pour nous ; le Christ les éclaire, et, par là, sa lumière écartera de nous les ténèbres épaisses de ce lieu d’horreur. Dès lors que nous reposons à côté des saints martyrs, nous échappons aux ténèbres de l’enfer, non par suite de nos propres mérites, mais à cause de la sainteté de nos compagnons de sépulture. Le Sauveur a dit à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle[1] ». Si les portes de l’enfer ne peuvent prévaloir contre l’apôtre et martyr Pierre, quiconque se joint aux martyrs ne peut donc être le prisonnier de l’enfer. Les portes de l’enfer ne retiennent point captifs les martyrs, parce qu’ils sont entrés dans le royaume des cieux ; ne les voyons-nous pas, en effet, déjà régner ? Nous en sommes témoins ; il arrive souvent qu’ils délivrent des hommes possédés de sales démons par l’effet de la médecine céleste qu’ils leur ont donnée, les âmes captives s’échappent des chaînes du démon, et le diable se trouve, à son tour, chargé de chaînes de feu. Ah ! puisse le captif briser tous les liens qui le privent de la liberté ! Alors, celui qui en avait d’abord fait sa victime deviendra victime à son tour. Sans compter de bien autres merveilles opérées par les saints, voilà ce qu’ont fait et ce que font ces élus de Dieu, aucun de vous n’en ignore. Ils ont autrefois employé le fer à retrancher du corps humain les parties gâtées, aujourd’hui ils prient pour délivrer les âmes de leurs chaînes. Ils ont jadis appliqué des remèdes faits de main d’homme, et maintenant ils étalent à nos regards le spectacle de cette sainteté que le Christ leur a donnée. Ils ont distribué aux autres des bienfaits du temps, aussi jouiront-ils de ceux de l’éternité ; parce que leur corps a guéri celui du prochain, leur âme, à son tour, a obtenu sa propre guérison. Ils ont consolé les faibles et sont eux-mêmes devenus forts ; on les a crus sans forces, et ils sont devenus puissants ; ils ont cessé d’être médecins, et le trésor de la foi leur est seul resté.
3. Donc, bien-aimés frères, vénérons dans cette vie les bienheureux Côme et Damien, afin de pouvoir les compter parmi nos intercesseurs dans le ciel ; et puisqu’un mouvement d’amour nous réunit pour célébrer la mémoire de leur naissance, qu’une même foi nous unisse à eux. Rien ne sera capable de nous en séparer, si nous nous y joignons par le sentiment de la religion et corporellement puissent leurs mérites nous obtenir du Seigneur notre Dieu cette faveur ! Ainsi soit-il.

VINGT-CINQUIÈME SERMON. SUR LA TRINITÉ.

ANALYSE. – Procession du Saint-Esprit ; génération du Fils et non du Père.

Le Saint-Esprit, c’est le don de Dieu : il procède également du Père et du Fils ; il est comme le trait d’union qui les joint l’un à l’autre d’une manière ineffable. Peut-être son nom lui a-t-il été donné, parce qu’il convient aussi au Père et au Fils ; son nom désigne ce

  1. Mt. 16, 18