Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/494

Cette page n’a pas encore été corrigée

et tira du limon de la terre l’homme qu’il fit à son image. Il fait tout cela, et nous ne trouvons pas encore le mot de sanctification. Tout cela se fait en six jours, et le septième jour, ou jour du repos de Dieu, est sanctifié. Dieu, qui n’a point sanctifié ses œuvres, sanctifie son repos[1]. Que dire ? Allons-nous penser qu’il en est de Dieu comme de nous, qui, au milieu de nos travaux, préférons le repos à l’ouvrage ? Loin de nous cette pensée, comme aussi de croire que la création était pour lui une œuvre de fatigue et non de commandement. « Dieu dit : Que cela soit, et cela fut ». Cette manière d’agir ne serait point une fatigue même pour l’homme. Mais en ce jour, il nous a recommandé de nous reposer de tout travail, afin de nous faire comprendre qu’un jour, après toutes nos bonnes œuvres, nous nous reposerons sans fin. Car, ici-bas, tous nos jours ont un soir, le septième n’en a point ; notre travail a un terme ou soir, et notre repos est sans terme. C’est alors que la sanctification nous vient comme une parole mystérieuse, qui est le propre du Saint-Esprit. Mais quand je parle de lui, mes frères, écoutez avec indulgence, je vous en supplie, cherchez le sens que je m’efforce de donner, plutôt que mes explications ; je sais qui je suis pour vous parler, et de quoi je veux vous parler : c’est un homme expliquant aux hommes les choses de Dieu. Allons, efforcez-vous avec moi, partagez mon labeur, afin de partager aussi mon repos, autant que le Seigneur me l’accordera, autant qu’il me découvrira ces mystères, autant que m’inspirera cette sagesse qui se montre volontiers dans ses voies, à ceux qui l’aiment, et qui vient au-devant d’eux d’une manière toute providentielle. Le sabbat, le repos de Dieu est donc sanctifié. C’est la première fois qu’il est parlé de sanctification, du moins que je sache et que vous sachiez vous-mêmes, c’est ce que nous croyons. Or, il n’y a point de sanctification divine et véritable qui ne vienne du Saint-Esprit. Sans doute le Père est saint, comme le Fils est saint, et néanmoins c’est à l’Esprit que ce nom est donné en propre, en sorte que la troisième personne de la Trinité se nomme Saint-Esprit. C’est lui qui « repose sur l’homme humble et calme », comme dans son sabbat. C’est pour cela qu’on attribue encore au Saint-Esprit le nombre sept. Nos Écritures le disent assez ; nous laissons aux plus saints que nous de trouver des choses plus saintes, aux savants des choses plus relevées ; qu’ils entrent, au sujet de ce nombre sept, dans les subtilités, et nous donnent des explications plus divines. Quant à moi, ce qui me suffit pour maintenant, je vois ceci que j’entreprends de vous faire voir, c’est que le nombre sept est attribué à l’Esprit-Saint, parce que c’est le septième jour qu’il est parlé de sanctification. Et comment prouver que le nombre septénaire est un attribut de l’Esprit-Saint ? Le prophète Isaïe dit que l’esprit de Dieu vient sur le chrétien, sur tel membre du Christ. « Esprit de sagesse et d’intelligence, de conseil et de force, de science et de piété, esprit de crainte de Dieu[2] ». Or, si vous m’avez suivi, j’ai énuméré sept dons, comme si l’Esprit de Dieu descendait en nous de la sagesse à la crainte, pour nous faire monter de la crainte à la sagesse. « Car la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse[3] ». Ainsi donc l’esprit est septénaire, et il n’y a qu’un seul esprit en sept attributs. Voulez-vous quelque chose de plus clair ? L’Écriture sainte nous parle de la Pentecôte, solennité qui arrive après sept semaines. Vous avez l’histoire de Tobie qui s’exprime clairement sur la fête des sept semaines. Sept multiplié par sept nous donne une somme de quarante-neuf, mais comme pour nous ramener à la source ; car l’Esprit-Saint nous rassemble dans l’unité, ne nous divise pas de l’unité ; c’est pourquoi, en ajoutant à quarante-neuf, un ou l’honneur de l’unité, nous avons cinquante. Ce n’est donc point sans raison que, le cinquantième jour, le Sauveur déjà monté au ciel envoya l’Esprit-Saint. Le Seigneur ressuscité, sort des enfers, mais ne remonte pas encore au ciel. À dater de cette résurrection, de cette sortie de dessous terre, nous comptons cinquante jours, et le Saint-Esprit vient au nombre cinquantième, comme pour fêter sa naissance en nous-mêmes. Car le Seigneur s’entretint ici-bas avec ses disciples pendant quarante jours ; au quarantième jour il monta au ciel, et après que les disciples ont passé dix jours au cénacle, en signe des   dix préceptes, le Saint-Esprit descendit ; car nul ne peut accomplir la loi que par la grâce de l’Esprit-Saint. Il devient clair, dès lors, que le nombre septénaire est un attribut de

  1. Gen. 2, 3
  2. Isa. 11, 2
  3. Pro. 1, 7