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VINGT-QUATRIÈME SERMON.
SUR CES PAROLES DE L’ÉVANGILE, [LUC, 16, 19-31] : « IL Y AVAIT UN HOMME RICHE, ETC. ».[1]

ANALYSE.—1. Les Juifs ne croient pas encore aux oracles des Prophètes qui concernent le Christ et son Église.—2. L’incrédulité des Juifs est combattue par l’exemple de ce riche aux grands festins.—3. Ce riche est pour nous un exemple salutaire.—4. Suffisamment avertis de l’avenir, nous n’avons aucune excuse.—5. Ce qui est accompli, ce que Dieu nous a promis, doit confirmer notre foi.—6. Promesses que Dieu a faites dans la nation juive, au sujet d’Abraham, dont la foi est hautement proclamée.—7. Fidélité de Dieu dans l’accomplissement de ses promesses, et folie des idolâtres.—8. Dieu cherche son image dans notre âme, comme César sur sa monnaie. —9. Combien de promesses de Dieu sont accomplies déjà.—10. La foi d’Abraham est pour nous un exemple.—11. Double comparaison pour nous faire supporter l’adversité.—12. Nous devons user de la patience de Dieu et l’imiter.—13. Dans l’adversité, il faut nous confier à Dieu sans nous plaindre.—14. Exhortation à la patience.

1. Telle est la foi chrétienne, qui est pour les impies et pour les infidèles un sujet de dérision, c’est que nous croyons qu’il est une autre vie après celle-ci, qu’il y a une résurrection des morts, et, après la fin du monde, un jugement. Comme ce point de foi n’était point en vigueur parmi les hommes, et qu’il leur paraissait même inacceptable, en dépit des prédications et des affirmations des Prophètes serviteurs de Dieu et de la loi établie par le ministère de Moïse, Jésus-Christ, notre Seigneur et Sauveur, est venu en ce monde pour le persuader aux hommes. Lui qui était Fils de Dieu, né du Père d’une manière invisible et ineffable, lui, coéternel au Père et égal au Père, et Dieu unique avec le Père ; lui, Verbe du Père, par qui tout a été fait ; lui, conseil du Père, par qui tout se dirige, déposa pour un temps cette grandeur sans mesure, cette incompréhensible majesté, cette sublime puissance, en venant sur la terre se revêtir de notre chair et se montrer aux yeux des hommes. Comme donc on ne voyait pas Dieu ou la divinité dans le Christ, on méprisait sa chair que l’on voyait ; mais lui prouvait par des prodiges la divinité qui était en lui. Et comme, au simple aspect, l’œil humain pouvait le mépriser, il faisait de tels miracles, que ces œuvres montraient en lui le Fils de Dieu. Comme donc il opérait des prodiges, donnait des préceptes utiles, corrigeait les vices et les reprenait, enseignait les vertus, guérissait même les maladies du corps, afin de guérir les esprits des infidèles, le peuple où il avait pris naissance, grandi, fait ses prodiges, s’irrita contre lui et lui donna la mort. Mais lui, qui était venu pour naître parmi nous, était venu aussi pour mourir. Or, cette mort de son corps, qu’il avait voulu subir pour nous donner un exemple de résurrection, il ne voulut pas qu’elle fût infructueuse ; mais il permit – qu’elle lui fût donnée par la main des impies, de sorte que ces hommes qui ne voulaient point obéir à ses préceptes lui firent souffrir ce qu’il voulait. Ainsi fut fait. Le Christ fut mis à mort, enseveli, ressuscita, comme nous le savons, comme l’atteste l’Évangile, comme on le prêche dans l’univers entier, et les Juifs, vous le voyez, ne veulent point croire au Christ, même après qu’il est ressuscité d’entre les morts, qu’il a été glorifié aux yeux de ses disciples en montant au ciel, quand s’accomplissent dans l’univers entier les oracles des Prophètes. Car tous les Prophètes qui ont annoncé que le Christ devait naître, mourir, ressusciter, monter au ciel, ont prédit aussi que l’Église s’étendrait par toute la terre. Quant aux Juifs, s’ils n’ont point vu le Christ à sa résurrection et à son ascension

  1. On lit dans le Codex, fol.80 : « Sermon de saint Augustin, évêque, sur le riche et Lazare ». C’est plutôt l’exposition de la vérité de la religion chrétienne prouvée par tout ce qui s’est accompli jusqu’alors, et par les promesses de Dieu qui doivent l’être ensuite, avec une exhortation à la patience. Possidius en fait mention dans son Indicul. Opp, c. S.