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ami, dans quel but êtes-vous venu ? »
4. Pierre blessé fut guéri, et pourtant c’est à lui qu’il fut dit : « Retire-toi de moi, Satan[1] ». Judas est condamné par un baiser, et Pierre blessé, fut guéri. Le baiser de Judas distillait le venin de la trahison, et la faute de Pierre est lavée par ses larmes. Judas trahit son Maître en lui offrant le baiser et ne jouit pas du salaire de son crime ; car il rendit l’argent aux Juifs et s’empressa d’aller se pendre, châtiment bien mérité pour un apôtre qui avait convoité le prix du sang innocent. Fuyez, fuyez promptement, faux ami ; devant un tel exemple, frémissez d’horreur. Si un mauvais disciple n’a pas épargné son Maître et son Seigneur, quelle justice pourrait-on attendre d’un faux ami ? Combien nous devons nous mettre en garde contre la fausse amitié dont la langue crie la paix, tandis que le cœur cache la ruse et la fourberie ! Contre les faux amis nous avons pour protecteur le Seigneur lui-même qui vit et règne dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduction de M. l’abbé BURLERAUX.


DEUXIÈME SUPPLÉMENT

PREMIÈRE SECTION. — SERMONS ÉDITÉS PAR MICHEL DENY[2]

PREMIER SERMON. DU CIERGE PASCAL.

ANALYSE. —1. Il attire l’attention. —2. Le cierge est l’image du Juste et du Christ. —3. L’abeille est l’emblème du Juste ; le rayon des saintes Écritures. —4. Figure du Christ dans Samson qui met en pièces un lionceau.

1. Pour glorifier le Seigneur Dieu tout-puissant, créateur des choses visibles et des choses invisibles, j’éprouve le besoin d’être soutenu par vos prières, en sorte que je devrais bien moins à mes mérites, qu’au secours miséricordieux du Seigneur même, d’exposer, comme je l’ai entrepris, la louange et la splendide bonté du Créateur. Soyez donc attentifs, mes frères bien-aimés, afin qu’après avoir secoué de vos cœurs toutes ces pensées charnelles semblables aux ténèbres de la nuit, et allumé dans le secret de vos consciences le flambeau du Christ, vous puissiez recueillir non-seulement de l’oreille, mais aussi du cœur, tout ce qu’il plaira au Seigneur de vous présenter par mon ministère.

2. Le cierge est une lumière pour la nuit, et l’homme juste une lumière pour ce monde ténébreux. « Vous êtes la lumière du monde », a dit le Seigneur à ceux que lui-même justifie. Car on voit dans le cierge trois substances la cire, la mèche, et la flamme. De même l’homme juste nous offre aussi trois substances : la chair, l’âme, la sagesse. La flamme éclaire, la mèche brûle, la cire se dissout. Les leçons de la sagesse occupent l’âme et triomphent

  1. Mt. 6, 10
  2. Parmi ces sermons il en est qui sont sûrement de saint Augustin ; il en est d’autres dont on peut douter s’il faut les lui attribuer.