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SOIXANTE-DEUXIÈME SERMON. SUR LA FÊTE DES SAINTS MACHABÉES. (DEUXIÈME SERMON.)

ANALYSE. – Eloge de la mère des Machabées qui en un seul jour met ses sept enfants en possession du bonheur éternel. —2. Bonheur incomparable de cette mère.— 3. Elle a suivi courageusement le martyre de ses premiers enfants. —4. Antiochus flatte le plus jeune et ordonne à la mère d’user de son influence pour sauver la vie à son fils. —5. Cette mère, plus admirable encore qu’Abraham, exhorte au martyre son septième enfant. —6. Celui-ci meurt, et après lui, sa mère. —7. Nous devons tout supporter pour Jésus-Christ.


1. S’il nous fallait, mes frères, entreprendre le panégyrique de chacun de ces sept frères qui, en un même jour, en compagnie de leur glorieuse mère, souffrirent le martyre, nous succomberions à cette tâche, et vous ne pourriez nous suivre jusqu’au bout. D’ailleurs, fussiez-vous capables d’un tel effort, il me faudrait encore compter avec ma propre faiblesse. En effet, quelle langue humaine pourrait louer, exalter dignement ces martyrs qui naquirent le même jour, non pas pour la terre, mais pour le ciel ? Le martyre a fait pour eux ce que n’aurait pu faire aucune fécondité humaine. La grâce divine a infiniment surpassé les forces de la nature humaine. Toute mère, en effet, doit s’avouer impuissante à engendrer à la fois sept enfants, tandis que cette glorieuse mère des Machabées, en un seul jour, a engendré à Jésus-Christ, par la foi, sept confesseurs martyrs. Réjouissons-nous, mes frères, de trouver à la foi plus de fécondité qu’à la nature. Réjouissons-nous à la vue des grandes merveilles opérées par le Seigneur, qui a réuni dans sa gloire, en un seul jour, ceux que la naissance avait séparés.
2. O bienheureuse mère, qui a engendré de tels enfants par la chair et par la charité, pour le monde et pour Dieu, pour la terre et pour le ciel ! Mais après les avoir une première fois enfantés dans la tristesse et les gémissements de la chair, elle les offre avec joie au Seigneur, sur l’autel de la foi, comme autant de victimes vouées à l’holocauste. Ô heureuse mère, qui n’eut à pleurer le reniement d’aucun de ses fils, à affermir aucune hésitation de leur part, ni à regretter aucune apostasie ! Cette mère combattait dans chacun de ses enfants, et dans leur victoire elle triomphait en son nom et au leur. Ô bonne mère qui est devenue l’arbre bon ! Le Seigneur a dit : « L’arbre bon porte de bons fruits [1] ». Les feuilles et les fruits de cet arbre, ce sont, mes frères, les paroles saintes et les bonnes actions. Le Prophète a dit de cet arbre saint : « Vos fils sont comme les rejetons de l’olivier autour de votre table[2] ». Prêtez encore ici, mes frères, toute votre attention ; les fruits de l’olivier se récoltent pendant l’hiver ; pendant l’été, il produit un épais ombrage ; il nourrit le laboureur pendant l’hiver, et pendant l’été il lui offre un abri contre les feux du soleil ; il offre l’huile pour oindre sa tête, et l’ombrage pour abriter le corps. De là ces autres paroles du Prophète. « Vous avez oint ma tête avec l’huile[3] » ; et encore : « Je suis comme l’olivier fertile dans la maison du Seigneur[4] ». La colombe a trouvé un rameau de cet olivier, au temps du déluge, et l’a rapporté dans l’arche avec ses fruits. Les sept enfants dont nous parlons, étaient donc sept rameaux fertiles, qui ont pu s’incliner au temps de la persécution, mais qui n’ont pu être brisés.
3. La mère des Machabées vit alors ses fils torturés, déchirés, brûlés, pour la foi ; elle put contempler leurs membres coupés, lacérés et jetés au vent ; et toutefois elle ne craignit pas, elle ne sentit aucune faiblesse, aucune défaillance ; elle se tenait debout

  1. Mt. 7, 18
  2. Ps. 127, 3
  3. Id. 22, 5
  4. Id. 51, 11