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et offraient des présents ; aujourd’hui les Apôtres poursuivent de leurs regards Jésus-Christ montant au ciel. Très-nombreux furent les témoignages qui vinrent confirmer la naissance du Sauveur ; ils furent aussi nombreux à son Ascension, pour confirmer la foi du genre humain. C’est ainsi que, après avoir considéré Jésus-Christ naissant dans la chair, tous les hommes peuvent le contempler montant au ciel.
5. Jésus-Christ est donc retourné au ciel, d’où il était descendu. Il y est retourné, mais en promettant de revenir un jour sur la terre. N’avons-nous pas entendu les anges s’écrier « Hommes de Galilée, pourquoi demeurez-vous ainsi, etc. ? » Si donc, mes frères, nous croyons que Jésus-Christ reviendra, nous devons l’attendre, de peur que nous ne soyons pris au dépourvu par son retour, comme parmi nous des serviteurs en défaut se laissent surprendre par leurs maîtres irrités ; les choses présentes ne sont, en effet, que l’image des choses futures.
6. Si donc nous ne voulons pas profiter des châtiments qui pèsent sur nous actuellement, craignons pour l’avenir la sévérité des châtiments célestes. L’Apôtre nous dit : « Le Seigneur viendra comme un voleur pendant la nuit[1] ». Vous voyez, mes frères, qu’une sécurité trop grande peut être suivie de supplices inouïs. Ainsi donc tout ce que nous ne voulons pas supporter, craignons de nous voir condamnés à le souffrir. De cette manière, en craignant d’endurer le châtiment, nous nous épargnerons ce châtiment ; témoin de notre sincère conversion, notre Dieu rempli de bonté et de miséricorde nous pardonnera nos fautes présentes et nous accordera lesbiens futurs. C’est ainsi que le pardon lui-même devient, par le renouvellement de notre vie, le principe même de notre espérance des biens futurs ; en nous pardonnant nos péchés, Dieu nous permet et nous oblige d’espérer le bonheur éternel.

QUARANTE-DEUXIÈME SERMON.

\S2 DIMANCHE DANS L’OCTAVE DE L’ASCENSION. LES BÉATITUDES. ANALYSE. —1. Les béatitudes apportées par Jésus-Christ sur la terre. —2. Elles sont promises à la vertu et non pas au vice. —3. persévérance finale. —4. Elle seule nous obtient la couronne.


1. Notre-Seigneur Jésus-Christ, par la vertu du Père, a « déroulé le ciel comme une tente[2] » ; il a établi la terre sur les eaux et créé l’homme de ses propres mains à son image et à sa ressemblance. Trompé par le démon, l’homme se précipita de lui-même dans la mort, et déjà depuis bien des siècles il en subissait le. joug, lorsque le Sauveur daigna venir sur la terre, afin de jeter dans l’homme terrestre le germe de l’immortalité bienheureuse. Après avoir détruit l’empire du démon et voulant nous porter à l’accomplissement fidèle des préceptes divins, Jésus-Christ fit briller à nos yeux la promesse des biens futurs et confirma les pénitents dans l’espérance des biens éternels. Il appelle bienheureux, non pas les riches, mais ceux qui volontairement se seront rendus pauvres pour obtenir le royaume des cieux. Il promet le paradis à ceux qui sont doux ; une heureuse consolation à ceux qui pleurent leurs péchés ; le rassasiement éternel à ceux qui ont faim et soif de la justice ; la miséricorde à ceux qui sont miséricordieux ; la vision béatifique à ceux qui ont le cœur pur. À ceux qui sont pacifiques non pas seulement des lèvres, mais encore du cœur, il promet qu’ils seront les heureux enfants de Dieu ; quant à ceux qui souffrent persécution pour sa gloire,

  1. 1 Thes. 5, 2
  2. Ps. 113, 2