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QUARANTE ET UNIÈME SERMON.

SUR L’ASCENSION DU SAUVEUR. (DEUXIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. L’Église doit se réjouir en ce jour. —2. Les quarante jours depuis la résurrection jusqu’à l’Ascension forment le pendant des quarante jours de pénitence quadragésimale. —3. Le fait de l’Ascension prouvé par le témoignage des disciples. – Les anges viennent confirmer ce même fait ; parallèle entre la Nativité et l’Ascension. —5. Jésus-Christ monte au ciel et en redescendra un jour.
1. Le récit des Actes des Apôtres suffirait seul à nous prouver l’Ascension et à nous dépeindre les détails de ce grand événement. Toutefois, mes frères, nous nous reprocherions de garder le silence ; car si l’Église a jamais le droit et le devoir de se réjouir, n’est-ce pas dans un jour où l’entrée du ciel lui est ouverte par le Sauveur ? Si donc il n’y a rien de superflu dans les saintes Écritures, essayons selon notre pouvoir d’interpréter le texte sacré.
2. Et d’abord l’Écriture nous apprend que, après sa résurrection, Jésus-Christ est resté pendant quarante jours avec ses Apôtres. Ce détail n’est point sans importance, car je trouve que ces quarante jours correspondent parfaitement aux quarante jours de la pénitence quadragésimale. Ceux donc qui ont supporté pour Dieu les privations de la sainte quarantaine, ont le droit de se réjouir de la présence du Seigneur pendant les quarante jours qui suivent la résurrection ; ceux enfin que la crainte avait humiliés, doivent se sentir relevés par les consolations que Dieu leur prodigue. Quelle joie pour ceux qui, après avoir souffert par amour pour Dieu, se sentent en possession d’une récompense ineffable qui n’est autre que Dieu lui-même ! D’après les choses présentes jugeons donc des choses futures, puisque tout ce que nous ferons pour l’honneur de Dieu nous assurera de plus en plus le bonheur de posséder Dieu.
3. La présence de ces nombreux témoins qui voient et entendent nous prouve que Jésus-Christ est réellement monté au ciel ; ce qu’ils voient, nous le croyons de la foi la plus vive. En effet, ils voient afin que nous croyions ; ils contemplent avec les yeux de leur corps, afin que nous discernions avec les yeux de notre âme. Et il ne s’agit point ici de quelques témoins rares et inconnus : ils sont nombreux et offrent toutes les garanties ; leur nombre corrobore leur témoignage, et leur sainteté en confirme la vérité. Si, dans certaines causes, on s’en rapporte à deux ou trois témoins, quelle certitude ne doit pas résulter du témoignage d’une multitude entière et d’une multitude fidèle et sainte ? N’étaient-ce pas des hommes vertueux et fidèles, ceux qui ont mérité de contempler le Seigneur montant au ciel ? Ce qu’ils ont vu, croyons que nous le voyons avec eux. Comment le peuple chrétien hésiterait-il devant le témoignage d’une multitude de saints ?
4. Ajoutons à cela l’apparition de deux anges descendus du ciel pour confirmer le miracle de l’Ascension devant ceux qui en étaient les témoins. Admirons la sagesse de l’Écriture qui nous rappelle l’apparition de ces anges, afin que nous sachions que les esprits bienheureux formaient cortège à Jésus-Christ montant au ciel. Ce détail forme à mes yeux un nouveau trait de ressemblance entre la nativité du Sauveur et son entrée triomphante dans les cieux. L’ange Gabriel est envoyé pour annoncer l’Incarnation ; et aujourd’hui les anges environnent Jésus-Christ montant au ciel. Alors une étoile fit connaître la naissance du Sauveur ; aujourd’hui une nuée le reçoit pour le porter dans les cieux. Alors les anges chantaient sur la terre ; aujourd’hui ils rendent encore témoignage dans le monde. Alors les Mages adoraient