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TRENTE-HUITIÈME SERMON.

POUR LE TEMPS PASCAL : (TROISIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. Les mystères de la nouvelle loi annoncés dans la loi ancienne. —2. Jésus-Christ, notre lumière, viendra établir son royaume. —3. Ornements de Jésus-Christ roi. —4. Descente de Jésus-Christ aux enfers, sa victoire et sa résurrection.


1. Les nombreux et profonds mystères que nous célébrons dans ces solennités de Pâques, ont été consignés dans les livres de la révélation et serrés dans toutes les antiques demeures et les plus anciennes archives des Juifs. L’admirable économie de ces mystères, les bases qu’ils prêtaient à la vraie foi, à la religion pure et sincère ; tout cela restait comme caché sous le voile des siècles ; la sainteté qu’ils renfermaient était comme ensevelie dans l’obscurité ; et toutefois, à travers ces voiles, rayonnait toujours et malgré tout l’auguste et grande image de la vérité. Cette image, Jésus-Christ l’a peinte dans nos esprits, non point avec des couleurs diverses et terrestres, mais avec des vertus distinctes et célestes, abritées sous le bouclier de la dévotion et étincelantes de tout l’éclat de l’or. Ces vertus sont concentrées dans le temple de son corps comme dans leur source ; l’amour rayonne de son cœur dans le nôtre et devient pour nos sens le parfum qui les conserve et la règle qui les dirige. L’ange glorieux qui préside aux astres, qui gouverne le monde, qui dirige le jour, qui commande à la lumière, qui sème la fécondité, qui tempère le printemps et modère l’automne, a divisé le temps et réparti les saisons ; mais c’est Dieu qui nous commande de solenniser ce grand jour.
2. Quels biens nouveaux la passion du Sauveur nous a procurés, quels biens perdus elle nous a restitués ! aucune voix humaine ne peut le dire, aucune mémoire ne peut l’énumérer. Le Sauveur a dit dans l’Évangile : « La lampe ne se place pas sous le boisseau, mais sur le chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la demeure[1] ». Or, la lumière a été placée sur le candélabre de la croix, à sa première apparition sur la terre et au moment de la passion ; mais, au second avènement, elle viendra dans toute sa splendeur et régnera à jamais sur le candélabre de la croix. Jésus-Christ brille aux yeux des Gentils et des Juifs, afin de former son Église de la réunion des Gentils et des Juifs. Jésus-Christ est notre lumière, et si nous attendons qu’il vienne de nouveau, toutefois nous croyons qu’il est déjà venu. Il est venu dans l’abaissement, il viendra pour régner ; il est venu dans la bonté, il viendra pour juger ; il est venu dans la souffrance, il viendra dans la domination ; il est venu pour guérir nos infirmités, il viendra pour déraciner les vices. Que personne ne croie que dans son second avènement, Jésus-Christ voudra laisser nier qu’il soit déjà venu ; il sera alors un juge redoutable pour celui qui aura refusé de le reconnaître pour son Sauveur. Nous le savons et nous le croyons, Jésus-Christ viendra pour juger tous les hommes ; mais, après être venu comme un médecin pour, sauver, il viendra pour régner en qualité de Roi des rois et de Maître suprême et éternel.
3. Son diadème, sa ceinture et ses chaussures sont rehaussés de pierres précieuses ; mais ces pierres précieuses désignent pour nous les Patriarches, les Prophètes et les Apôtres. Les Patriarches forment le diadème de son front, non pas pour l’orner, mais pour être ornés par Jésus-Christ. C’est de ces Patriarches que l’Apôtre a dit : « Ce sont leurs pères, desquels est issu Jésus-Christ,

  1. Mt. 5, 15