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éternité par son Père pour venir accomplir la rédemption du monde, car lui seul pouvait nous racheter. Jonas, précipité dans la mer et reçu par un poisson, est la figure sensible de Jésus-Christ livré à la mort par la cruauté des princes de la synagogue et reçu par les Romains pour être crucifié, et c’est ce crucifiement qui calma la tempête soulevée par la barbarie des Juifs.
5. A l’accomplissement de tous les mystères de la passion, ajoutons la sépulture du Sauveur et cherchons-en l’explication. Le poisson qui pendant trois jours conserva Jonas vivant dans ses entrailles, est la figure de Jésus-Christ descendant vivant dans les enfers. C’est le Sauveur lui-même qui a établi ce rapprochement entre la figure et la réalité : « Comme Jonas resta trois jours et trois nuits dans le sein de la baleine, le Fils de l’homme doit rester dans le sein de la terre[1] » ; or, cet espace de temps se retrouve exactement dans la passion du Sauveur. Toutefois, beaucoup d’esprits prévenus ou peu intelligents se troublent de trouver dans la sépulture du Seigneur moins de jours qu’il n’y en a d’indiqués dans la prophétie : « Comme Jonas resta trois jours et trois nuits dans le sein de la baleine, il faut que le Fils de l’homme demeure dans le cœur de la terre ». D’abord, on peut dire que Jésus-Christ était comme immolé et enseveli dans le mur de tous ces hommes terrestres qui n’obéissaient qu’à des passions terrestres et dont la cruauté ne recula pas devant l’injustice et l’infamie de la mort de Jésus-Christ. Le jour de la trahison, le jour du crucifiement et le jour de la sépulture, ces trois jours et ces trois nuits, ne peuvent-ils pas être regardés comme l’application matérielle des trois jours et des trois nuits de l’histoire de Jonas ? Le doute n’est point possible à cet égard, puisque la parole de Jésus-Christ est formelle : « Il faut que le Fils de l’homme soit dans le cœur de la terre ». Ce cœur de la terre peut assurément recevoir l’interprétation que nous lui avons donnée précédemment.
6. Mais le poisson rejeta Jonas, et celui-ci, après trois jours de captivité, reparut de nouveau plein de vie à la lumière. De même, après l’accomplissement de ces mystères, Jésus. Christ reparut plein de gloire, ressuscitant avec de nombreux témoins qui sortirent avec lui des enfers pour proclamer son triomphe ; car, « étant entrés dans la ville, ils apparurent à un grand nombre d’habitants[2] ». Or, les sacrements divins cachés dans les mystères antiques nous paraissent admirablement révélés dans Jésus-Christ notre Sauveur, et se manifestent avec une telle évidence, qu’ils deviennent un principe de salut pour tous ceux qui ont la foi.

TRENTE-SEPTIÈME SERMON. POUR L’OCTAVE DE PÂQUES. (DEUXIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. Les anciennes prophéties accomplies en Jésus-Christ. —2. À la mort du Sauveur le soleil s’obscurcit. —3. Jésus-Christ invoquant son Père. —4. Apostrophe aux Juifs ; bienfaits dont ils avaient été comblés. —5. Ce que le Sauveur avait fait pour eux. —6. Mort de Jésus-Christ, sa descente aux enfers et sa résurrection.


1. Les nombreux et profonds mystères que nous célébrons dans ces solennités de Pâques, ont été consignés dans les livres de la révélation et serrés dans toutes les antiques demeures et les plus anciennes archives des Juifs. Or, tout ce que les patriarches et les Prophètes

  1. Mt. 12, 40
  2. Mt. 27, 45