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TRENTE-DEUXIÈME SERMON.

SUR LA FÊTE DE PÂQUES. (DOUZIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. Le Père et le Fils ne sont qu’un seul Dieu. —2. La foi en Jésus-Christ naissant d’une Vierge n’a rien de commun avec les absurdités païennes. —3. Pureté parfaite de la naissance de Jésus-Christ. —4. Perversité de Pilate et des Juifs. – Jésus-Christ, dans sa résurrection, vainqueur de la mort et du démon.


1. Dans cette grande solennité de Pâque, notre foi surabonde de joie ; car l’humanité dont Jésus-Christ s’est revêtu dans le sein de Marie nous apparaît toute rayonnante de gloire et de majesté. Cette foi trouve aujourd’hui le fondement le plus inébranlable dans la résurrection de Celui qui a accompli tous les mystères « comme un géant invincible s’élance pour parcourir sa carrière[1] ». Si notre intelligence humaine possède quelque connaissance sur le Père tout-puissant, « Créateur de toutes choses, Roi de tous les siècles, Dieu immortel et invisible[2] », cette connaissance ne nous vient ni des sens, ni du discours, ni des élucubrations des savants ; c’est la foi seule qui nous la donne, cette foi qui nous enseigne que le Fils engendré du Père de toute éternité a été formé par le Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie et est né dans la plénitude des temps pour le salut du genre humain. Vous donc, chrétien, croyez d’abord le Père tout-puissant, éternel et infini ; croyez que dans le ciel il engendre son Fils de toute éternité, absolument semblable à lui, tout-puissant et éternel ; croyez que le Fils partage avec le Père l’empire sur toutes choses au ciel et sur la terre, puisqu’avec le Père il a créé le ciel et la terre, comme il le dit lui-même par l’organe de Salomon : « Lorsqu’il préparait le ciel, j’étais avec lui[3] » ; croyez aussi que le Père et le Fils ne sont qu’un seul Dieu, selon cette parole de l’Évangile. « Moi et mon Père, nous sommes un[4] ». Enfin, donnons à notre foi tout son développement et croyons en Jésus-Christ Notre-Seigneur qui a été conçu du Saint-Esprit et est né de la Vierge Marie.
2. Nous n’avons pas à parler de Jésus-Christ en tant que Fils de Dieu engendré du Père ; ce dont nous parlons, autant qu’il nous en fait la grâce, c’est de sa naissance temporelle de la Vierge Marie. Il est de la Vierge par l’opération du Saint-Esprit ; mais cette naissance est niée par les incrédules, par les infidèles et par les païens qui nous prennent en profond mépris, lorsqu’ils nous entendent proclamer hautement la maternité d’une Vierge. Qu’ils discutent donc la vanité des dieux qu’ils adorent, et ils cesseront de se rire de la réalité de nos mystères aussi profonds que véritables. Ils nous présentent leur Minerve sortant du cerveau de Jupiter ; et leur Vénus, ou autrement leur Aphrodite, ils la disent engendrée de l’écume de la mer. Croire qu’une jeune Vierge, sous l’action immédiate du Saint-Esprit, a conçu le Sauveur, n’est-ce pas infiniment plus facile que de croire avec ces idolâtres que Vénus a été formée de l’écume de la mer et que Minerve est sortie tout armée du cerveau de Jupiter ? O païens insensés et malheureux, si vous acceptez ces vaines assertions, comment donc pouvez-vous encore clouter de nos prédications aussi saintes que véridiques ? Vous acceptez aveuglément les plus monstrueuses absurdités sur le compte de vos dieux, pourquoi donc ne trouvez-vous pas plus facile de vous en rapporter à la toute puissance du vrai Dieu ? En vertu de cette toute-puissance, nous vous montrons qu’une Vierge a pu concevoir et engendrer. Laissez-

  1. Ps. 18, 6
  2. 1 Tim. 1, 17
  3. Prov. 8, 27
  4. 1 Jn. 10, 30