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DIX-HUITIÈME SERMON. LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST. (DOUZIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. La naissance de Jésus-Christ, cause de notre joie. —2. Jésus-Christ à la fois Dieu et homme. —3. Le Verbe en s’incarnant conserve la forme de Dieu et prend la forme d’esclave. —4. Jésus-Christ a prouvé par ses œuvres qu’il est à la fois Dieu et homme.


1. Mes frères, je rends grâces au Seigneur notre Dieu de voir qu’il n’est point nécessaire de vous apprendre quelle est la solennité de ce jour, puisque votre dévotion a prévenu notre enseignement. Sur les mystères que nous célébrons, les oracles des Prophètes et de l’Évangile se sont réunis pour nous rappeler ce que la foi nous a déjà enseigné. Puissiez-vous donc, par la grâce de Dieu, conformer toujours, comme aujourd’hui, vos œuvres avec la lecture des Écritures ! puissiez-vous réaliser dans votre conduite la sainteté que vous prescrivent les commandements divins ! Notre Sauveur nous est né aujourd’hui, tressaillons de joie ; quand la source des joies nous apparaît, pourrions-nous être dans la tristesse ? Or, la joie convient à tous, parce que c’est pour tous que Jésus-Christ est né. Que personne donc ne se croie étranger à cette allégresse. Celui qui est juste doit se réjouir, parce qu’il recevra la récompense ; le pécheur doit se réjouir aussi, parce qu’il est appelé au pardon ; le païen lui-même doit se réjouir, parce qu’il est admis au salut. Pour nous le Verbe divin a revêtu notre humanité. Par cela même que nous refusons de nous séparer de Jésus-Christ, nous sommes en Jésus-Christ. Reconnaissons donc notre rédemption, reconnaissons notre salut. C’est se séparer de Jésus-Christ que de refuser d’appartenir au corps de Jésus-Christ. Mais, mes frères, puisque les Écritures célèbrent à l’envi la naissance de Jésus-Christ, étudions cette naissance ; voyons comment est né dans la plénitude des temps Celui qui est le créateur des siècles : « Car il a dit, et tout a été fait ; il a commandé, et toutes choses ont été créées[1]».
2. Or, mes frères, nous croyons de Jésus-Christ Notre-Seigneur qu’il est en même temps Dieu et homme ; Dieu consubstantiel au Père ; homme formé par sa Mère ; Dieu par sa propre nature ; homme parce qu’il s’est fait chair ; Dieu avant tous les siècles ; homme dans le temps ; Dieu avant le commencement des choses ; homme dans le cours des choses. Celui qui, au commencement, a tout créé par sa toute-puissance, vient aujourd’hui nous sauver par sa chair. La création fut le premier miracle de sa puissance ; la rédemption fut le second prodige de son amour. Mû par son infinie bonté, Dieu a voulu que la miséricorde nous rendît ce qui nous avait été ravi par le péché. Le Verbe est donc descendu afin de nous faire monter ; il a incliné les cieux, afin d’élever la terre ; il s’est fait participant de la nature de l’homme, afin de nous rendre participants de la nature divine ; car, selon l’Apôtre, « il a été fait de la femme, il a été fait sous la loi[2] ». Toutefois, quand on nous dit qu’une femme est devenue la Mère de Dieu, que personne ne s’offense de cette proposition. Vierge, elle a conçu par l’opération du Saint-Esprit, et le nom de femme n’est dû qu’à son sexe. L’Évangéliste que nous venons d’entendre lui donne le nom de vierge, et l’Apôtre celui de femme, afin de rendre plus éclatante aux yeux de tous la toute-puissance qui a présidé à son enfantement virginal, sans changer pour Marie sa condition de femme.

  1. Ps. 48, 6
  2. Gal. 4, 4