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DOUZIÈME SERMON. LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST. (SIXIÈME SERMON.)

ANALYSE. —1. Joseph et Marie prennent part au recensement. —2. Naissance de Jésus-Christ.
1. Après avoir longuement étudié le mystère de l’enfantement virginal et de la naissance de Jésus-Christ, il nous est donné de suivre dans tous ses détails le récit du saint Évangile : « Voici ce qui arriva dans ces jours : « César-Auguste ordonna par un décret d’opérer le recensement de l’univers. Ce premier recensement se fit, etc. » Au moment de la naissance de Jésus-Christ, tout l’univers se fait enregistrer sur les rôles publics, parce que le tribut est dû à César, comme l’adoration est due à Dieu. La pièce de monnaie est marquée au coin de César, comme les hommes sont formés à l’image de Dieu. Le recensement du monde s’opère en ce moment, afin que l’image du roi soit empreinte sur la monnaie, et que l’image de Dieu soit réformée dans l’homme. C’est ainsi que le tribut était rendu à César et l’homme à Dieu, selon cette parole du Seigneur : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu[1] ». Alors, dit l’Évangile, s’accomplit le premier recensement ; le premier quant au mystère, et non pas quant au temps ; quant au mérite, et non pas quant à la classification ; quant à la foi, et non pas quant à l’exécution matérielle. Depuis longtemps déjà l’univers payait le tribut aux Romains, ce qui suppose le cens établi ; comment donc peut-on dire qu’il y eut, à la naissance du Sauveur, un premier recensement ? n’y a-t-il pas là un enseignement mystérieux et prophétique ? « Joseph monta donc, afin d’inscrire son nom sur les registres, avec Marie son épouse ». Cette parole. « Il monta », est parfaitement exacte, car c’est monter que de se diriger vers les choses divines. Il monta pour confesser qu’il était époux, et non mari ; qu’il était chargé de prendre soin de l’enfant, et non pas de concourir à sa formation, et que cet enfant était tout à la fois et le Fils de Dieu et le Fils de l’homme. Marie monta également, afin de confesser qu’elle était plus encore la servante que la mère de son Fils ; qu’elle avait reçu l’annonce de sa maternité, sans que sa chair en ressentît les atteintes ; qu’elle portait le don de Dieu, et non pas un fardeau humain ; car, du moment que la mère reste vierge, l’enfant qu’elle porte ne saurait être que l’œuvre de Dieu.
2. « Et pendant qu’elle était là, les jours de l’enfantement furent accomplis » ; ces jours sont plutôt des temps et des siècles que des jours proprement dits. Écoutez l’Apôtre : « Quand la plénitude des temps fut arrivée, Dieu envoya son Fils[2] » pour revêtir notre humanité. Le premier homme, accablé sous le poids du précepte, succomba. La postérité de Noé, en cherchant à s’élever dans le ciel, se sentit précipitée et confondue par la diversité des langues. Le peuple juif, impuissant à porter le fardeau de la loi, s’inclina de plus en plus vers la terre et préféra « être « comparé aux animaux sans raison[3] », quant

  1. Mt. 22, 21
  2. Gal. 4, 4
  3. Ps. 48, 13.