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qu’une montagne ? Il y a, néanmoins, des montagnes inconnues, parce qu’elles n’occupent qu’un seul endroit du monde. Quelqu’un, parmi vous, connaît-il le mont Olympe ? Ses habitants ne connaissent pas mieux notre Giddabam. Ces montagnes n’occupent donc que des parties isolées de l’univers ; mais il n’en est pas de même de celle-ci, car elle s’étend d’un bout du monde à l’autre, et il est dit d’elle : « Elle sera élevée sur le sommet des montagnes ». C’est une montagne qui surpasse en hauteur toutes les autres : « C’est pourquoi », ajoute Isaïe, « tous les peuples s’y réuniront en foule[1] ». Qui est-ce qui s’égare sur cette montagne ? Qui est-ce qui se brise la tête en se buttant contre elle ? Quelqu’un ignore-t-il que la cité est assise sur les monts ? Ceux qui détestent Murs frères, l’ignorent ; mais ne vous en étonnez point, car ils marchent dans les ténèbres et ne savent où ils vont : les ténèbres les ont aveuglés. Ils n’aperçoivent pas la montagne n’en sois nullement surpris, ils n’ont pas d’yeux. Et pourquoi n’en ont-ils point ? Parce que les ténèbres les ont aveuglés ? Où en est la preuve ? C’est qu’ils haïssent leurs frères : c’est qu’ayant à se plaindre des Africains, ils se séparent du reste du monde, parce que, pour conserver la paix du Christ, ils ne peuvent se résoudre à supporter des hommes qu’ils calomnient, tandis que, pour soutenir le parti de Donat, ils supportent des gens qu’ils condamnent.

DEUXIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CE VERSET : « JE VOUS ÉCRIS, MES PETITS ENFANTS, PARCE QUE VOS PÉCHÉS VOUS SONT « REMIS AU NOM DE JÉSUS-CHRIST », JUSQU’À CELUI-CI : « CELUI QUI A FAIT LA VOLONTÉ DE « DIEU, DEMEURE ÉTERNELLEMENT, COMME IL DEMEURE LUI-MÊME PENDANT TOUTE L’ÉTERNITÉ ». (Chap. 2, 12-17.)

LA CHARITÉ, SOURCE DE LUMIÈRES.

Le Sauveur est mort, mais il est ressuscité et il a fondé son Église : cette Église est répandue parmi toutes les nations ; si les hérétiques ne la voient pas, c’est qu’ils sont plongés dans les ténèbres du péché : s’ils ne sont pas en union avec elle, c’est qu’ils n’ont pas la charité. Voulons-nous bien connaître Dieu, aimons-le ; mais que notre amour pour lui soit dégagé de l’amour exclusif du monde : pour nous préserver de cet amour adultère des créatures, jetons les yeux sur le Sauveur : il nous apprendra, de parole et d’exemple, ce que nous devons dire et faire au moment où il nous tentera.


1. Les passages de nos saints livres dont on nous fait lecture, sont destinés à nous instruire et à nous sanctifier ; aussi devons-nous les écouter avec la plus sérieuse attention. Mais s’il en est parmi eux que nous devions plus particulièrement graver dans notre mémoire, ce sont ceux à l’aide desquels il est plus aisé de réfuter les hérétiques ; car ils ne cessent, par leurs insidieuses erreurs, de circonvenir les plus faibles et les plus insouciants d’entre les chrétiens. Ne l’oubliez pas : notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est mort et ressuscité pour nous ; oui, il est mort à cause de nos fautes, et il est ressuscité pour notre justification[2]. Ainsi, tout à l’heure vous avez entendu que les disciples dont il avait fait la rencontre avaient les yeux comme fermés et ne pouvaient le reconnaître. Au moment où il les avait joints, ils n’avaient plus de confiance en la rédemption du Christ ; à leur sens, l’homme, en lui, avait souffert et il était mort ; mais ils étaient loin de penser que, comme Fils de Dieu, il fût encore vivant ; à les entendre, il était si bien mort, que jamais il ne reviendrait à la vie, pareil en cela aux Prophètes du nombre desquels il leur semblait faire partie. Voilà le sens de leur conversation ; voilà ce que vous avez entendu tout à l’heure si vous étiez attentifs à ce qu’on nous lisait. Alors Jésus leur fit connaître le sens caché des Écritures commençant parMoïse

  1. Isa. 2, 2
  2. Rom. 4, 25