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de Celui qui devait attirer tout à sa suite. « Pendant que vous avez la lumière », continue le Sauveur, « croyez en la lumière, afin que vous soyez les fils de la lumière ». Puisque vous entendez quelque chose de vrai, croyez en la vérité, afin que vous puisiez dans la vérité une nouvelle vie.


14. « Jésus dit ces choses, puis il s’en alla et se cacha d’eux ». Il ne se cacha pas de ceux qui avaient commencé à croire en lui et à l’aimer, ni de ceux qui étaient venus à sa rencontre avec des rameaux de palmier et en chantant ses louanges ; mais il se cacha de ceux qui, à la vue de ce qu’il faisait, éprouvaient de la jalousie ; car, en réalité, ils ne voyaient rien, et dans leur aveuglement ils se heurtaient contre cette pierre. Mais quand Jésus s’est caché pour échapper à ceux qui voulaient le faire mourir (je prends soin de vous le rappeler souvent, afin que vous ne l’oubliiez pas), il voulait remédier à notre faiblesse, et en cela il ne porta aucune atteinte à sa toute-puissance.

CINQUANTE-TROISIÈME TRAITÉ.

DEPUIS LE PASSAGE OÙ IL EST ÉCRIT : « ET QUOIQU’IL EÛT FAIT TANT DE PRODIGES DEVANT EUX, ILS NE CROYAIENT PAS EN LUI », JUSQU’À CET AUTRE : « ILS ONT PLUS AIMÉ LA GLOIRE DES HOMMES QUE LA GLOIRE DE DIEU ». (Chap. 12, 37-43.)

INCRÉDULITÉ VOLONTAIRE.

Malgré ses miracles, les Juifs ne croyaient pas en lui, et ainsi s’accomplissait en eux cette prophétie : À qui le bras de Dieu, c’est-à-dire, son Fils, par qui il a fait toutes choses, a-t-il été révélé ? Ainsi encore, ils recueillaient ce que Dieu avait prévu comme devant être le fruit et la punition de leur mauvaise volonté. De même en est-il encore aujourd’hui des orgueilleux.


1. Le Seigneur Jésus ayant annoncé d’avance sa passion et sa mort si avantageuse sur le bois élevé de la croix, d’où il devait, comme il le disait, attirer toutes choses après lui, les Juifs comprirent qu’il voulait parler de sa mort, et ils lui demandèrent comment il disait de lui-même qu’il devait mourir, puisqu’ils avaient appris de la loi que le Christ demeure éternellement ; alors il les engagea à marcher pendant qu’ils avaient encore en eux assez de lumière pour apprendre que le Christ est éternel : c’était le moyen de savoir tout ce qui le concernait, et de n’être pas surpris par les ténèbres. Quand il eut dit ces choses, il se cacha d’eux. Voilà ce que nous ont appris les dernières lectures qui ont été faites des paroles du Seigneur.
2. Ensuite l’Évangéliste ajoute ces paroles, par lesquelles a commencé la lecture d’aujourd’hui : « Mais quoiqu’il eût fait de si grands prodiges devant eux, ils ne croyaient pas en lui ; afin que s’accomplît cette parole du prophète Isaïe : Seigneur, qui a cru à notre parole ? Et le bras du Seigneur, à qui a-t-il été montré ? ». Par là, il montre assez que c’est le Fils même de Dieu qui est appelé le bras du Seigneur ; non pas que Dieu le Père ait la forme humaine et que le Fils lui soit attaché comme membre de son corps ; mais parce que toutes choses ont été faites par lui, il est appelé le bras du Seigneur. De même, en effet, que c’est à l’aide de ton bras que tu travailles ; de même le Verbe de Dieu a été appelé son bras, parce que par son Verbe il a fait le monde. Pourquoi, s’il veut faire quelque chose, l’homme étend-il le bras, sinon parce qu’il ne lui suffit pas de dire pour que ce qu’il veut s’accomplisse ? Mais s’il avait une puissance assez grande pour que, sans aucun mouvement de son corps, sa parole s’accomplisse, cette parole serait vraiment son bras. Or, comme le Seigneur Jésus,