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mais je sais maintenant que tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous l’accordera ». Elle ne dit pas : mais maintenant je vous prie de ressusciter mon frère, car que savait-elle, s’il était avantageux pour son frère de ressusciter ? Elle dit seulement : Je sais que vous le pouvez, et que si vous le voulez vous le ferez ; mais le ferez-vous, c’est à vous d’en juger ; ce serait présomption à moi de le décider. « Mais ce que je sais, c’est que tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous l’accordera ».
14. « Jésus lui dit : Ton frère ressuscitera ». Réponse peu claire, car il ne dit pas : Je vais ressusciter ton frère, mais : « Ton frère ressuscitera ». « Aussi Marthe lui dit : Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection du dernier jour ». De cette résurrection, j’en suis certaine ; d’une résurrection immédiate, je ne sais rien. « Jésus lui dit : Je suis la résurrection ». Tu dis : « Mon frère ressuscitera au dernier jour ». C’est vrai, mais celui par qui il ressuscitera alors, peut bien le ressusciter dès maintenant, parce que, dit-il, « Je suis la résurrection et la vie ». Écoutez, mes frères, écoutez ce que dit Notre-Seigneur. Certes, toute l’attente des Juifs réunis était de voir revivre Lazare, ce mort de quatre jours. Écoutons et ressuscitons, nous aussi. Qu’ils sont nombreux dans cette assemblée ceux qu’écrase le poids des mauvaises habitudes ! Peut-être en est-il parmi ceux qui m’écoutent, auxquels on pourrait dire : « Ne vous laissez point enivrer par le vin, d’où naît la luxure[1] ». Et ils disent : Nous ne pouvons pas. Peut-être, parmi ceux qui m’écoutent y a-t-il des personnes impures, souillées de débauches et de corruption, auxquelles je dis : Ne faites point ces choses, si vous voulez ne point périr ; et elles répondent : Nous ne pouvons pas nous tirer de cette habitude. O Dieu, ressuscitez-les. « Je suis », dit-il, « la résurrection et la vie ». Il est la résurrection, parce qu’il est la vie.
15. « Celui qui croit en moi, quand même il serait mort, vivra, et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais ». Qu’est-ce à dire ? « Celui qui croit en moi, quand même il serait mort », comme Lazare, « il vivra » ; parce que le Christ n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants. Déjà, au sujet des patriarches morts depuis longtemps, c’est-à-dire, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, il avait fait aux Juifs la même réponse : « Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. Or, Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants ; car tous vivent pour lui[2] ». Crois donc, et quand tu serais mort, tu vivras ; mais si tu ne crois pas, quoique tu sois vivant, tu es réellement mort. Prouvons que si tu ne crois pas, quoique tu sois vivant, tu es réellement mort. Quelqu’un différait de suivre le Seigneur et s’excusait en disant : « Je vais d’abord ensevelir mon père ». « Laisse a, dit le Seigneur, « laisse « les morts ensevelir leurs morts ; pour « toi, viens et suis-moi[3] ». Il y avait donc un mort à ensevelir, il y avait aussi des morts qui devaient ensevelir ce mort : l’un était mort dans son corps, les autres dans leur âme. D’où vient la mort dans l’âme ? De ce que la foi n’y est plus. D’où vient la mort dans le corps ? De ce que l’âme n’y est plus. Donc, l’âme de ton âme, c’est la foi. « Celui qui croit en moi », dit le Seigneur, « quand il serait mort » dans son corps, « vivra » dans son âme, jusqu’à ce que le corps lui-même ressuscite pour ne plus mourir ; c’est-à-dire : « Celui qui croit en moi », quoiqu’il meure, « vivra » ; et « quiconque vit » dans son corps « et croit en moi », bien qu’il doive mourir pour un temps à cause de la mort du corps, « ne mourra pas pour l’éternité », à cause de la vie de l’esprit et de l’immortalité que donnera la résurrection. C’est là ce que veut dire Jésus : « Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra pas pour l’éternité. Crois-tu cela ? Elle lui répondit : Oui, Seigneur, j’ai cru que vous êtes le Christ Fils de Dieu, qui êtes venu dans le monde ». En croyant cela, j’ai cru que vous êtes la résurrection, j’ai cru que vous êtes la vie ; j’ai cru que celui qui croit en vous, bien qu’il meure, vivra, et que celui qui vit et croit – en vous ne mourra pas pour l’éternité.
16. « Et quand elle eut dit cela, elle s’en alla, et appela Marie, sa sœur, en silence, disant : Le Maître est ici et il t’appelle ». Il faut remarquer comment l’Évangile, pour indiquer une parole dite à voix basse, se sert du mot « silence ». Comment, en effet, a-t-elle gardé le silence, puisqu’elle a dit : « Le « Maître est ici, et il t’appelle ? » Il faut aussi remarquer que l’Évangéliste ne dit ni où, ni

  1. Eph. 5, 18
  2. Mt. 22, 32 ; Luc, 20, 37, 38
  3. Mt. 8, 21, 22