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l’infirmité, le Seigneur leur répondit : « Comment donc David inspiré l’appelle-t-il Seigneur, disant : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je place vos ennemis sous vos pieds ? Si donc David inspiré l’appelle Seigneur, comment est-il son fils [1] ? » Il ne nie point, il interroge. Que personne, en entendant ces paroles, ne pense que le Seigneur Jésus a nié qu’il fût vraiment fils de David : si Jésus-Christ eût nié qu’il était le fils de David, il n’aurait pas rendu la vue aux aveugles qui l’invoquaient sous ce nom-là. Comme il passait un jour, deux aveugles, assis le long du chemin, se mirent à crier : « Fils de David, ayez pitié de nous » ; entendant ces paroles, Jésus eut pitié d’eux ; il s’arrêta, les guérit et leur rendit la vue [2], parce qu’il reconnut son nom. Aussi l’apôtre Paul dit : « Il est né du sang de David, selon la chair [3] » ; écrivant à Timothée, il dit encore « Souviens-toi que Jésus-Christ, qui est né de la race de David, est ressuscité d’entre les morts, selon mon Évangile [4] ». Comme la Vierge Marie tirait son origine de la race de David, le Seigneur était du sang de David.
4. Ce n’était pas sans intention que les Juifs interrogeaient Jésus-Christ ; s’il répondait le suis le Christ, comme ils ne voyaient en lui que sa descendance de la race de David, ils l’accuseraient malicieusement de s’arroger le pouvoir royal ; mais il leur fit une réponse bien plus relevée ; ils ne voulaient l’accuser que de se faire le fils de David, il leur répondit qu’il était le Fils de Dieu. Et comment ? Écoutez : « Jésus leur répondit : Je vous parle et vous ne me croyez pas ; les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi ; mais vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis ». Déjà plus haut[5] vous avez appris quelles sont ces brebis ; soyez donc ces brebis : on devient brebis en croyant, en suivant le Pasteur, en ne méprisant pas le Rédempteur, en entrant par la porte, en sortant et en trouvant les pâturages, en jouissant de la vie éternelle. Comment donc leur dit-il : « Vous n’êtes pas de mes brebis ? » Parce qu’il les voyait prédestinés à la mort éternelle, et non pas rachetés au prix de son sang pour la vie éternelle.
5. « Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais, et elles me suivent, et moi je leur donne la vie éternelle ». Voilà les pâturages. Si vous vous le rappelez, il avait dit plus haut : « Et il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages ». Nous sommes entrés en croyant, nous sortons en mourant. Mais comme nous sommes entrés par la porte de la foi, de même soyons pleins de foi en sortant de notre corps. C’est ainsi qu’il nous faut sortir par la porte même, pour trouver les pâturages. Ces bons pâturages, c’est la vie éternelle. Là, aucune herbe ne sèche ; tout y est vert, tout y est vigoureux. Il est une herbe qu’on appelle toujours vivante ; mais là seulement se trouve la vraie vie. « Je leur donnerai », dit-il, « la vie éternelle », à mes brebis. Pour vous, vous cherchez une occasion de me calomnier, parce que vous ne pensez qu’à la vie présente.
6. « Et elles ne périront pas à jamais ». C’est comme s’il leur eût dit : Mais vous, vous périrez à toujours, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. « Personne ne les a arrachera de ma main ». Écoutez encore plus attentivement : « Ce que mon Père m’a donné est plus grand que toutes choses ». Que peut le loup ? que peuvent le voleur et le larron ? Ils ne perdent que les prédestinés à la mort. Mais pour les brebis dont l’Apôtre dit : « Le Seigneur connaît ceux qui sont à lui [6] » ; et encore : « Ceux qu’il a connus d’avance, ceux-là il les a aussi prédestinés ; ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés [7] » ; pour ces brebis, le loup ne peut les ravir, ni le voleur les enlever, ni le larron les mettre à mort. Il est assuré de leur nombre, Celui qui sait ce qu’il a donné pour elles, et c’est ce qu’il dit : « Nul ne les arrachera de ma main » ; et encore ce qu’il dit pour son Père : « Ce que mon Père m’a donné est plus grand que toutes choses ». Qu’est-ce donc que le Père a donné au Fils, qui soit plus grand que toutes choses ? Il lui a donné d’être son Fils unique. Qu’est-ce donc à dire : « Il a donné ? » Était-il déjà pour qu’il lui donnât, ou lui a-t-il donné en l’engendrant ? Car s’il était déjà pour, que le Père lui donnât d’être le Fils, alors il aurait existé pendant

  1. Mt. 22, 12-15
  2. Id. 20, 30-34
  3. Rom. 1, 3
  4. 2 Tim. 2, 8
  5. Traité XLV
  6. 2 Tim. 2, 19
  7. Rom. 8, 29, 30