Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome X.djvu/654

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’il importerait, ce me semble, d’élucider aussi ; mais plus tard, aux jours où nous devrons vous adresser la parole, on nous récitera de nouveau, au nom du Seigneur, la leçon qui nous a déjà servi de thème ; et alors, avec l’aide d’en haut, nous vous entretiendrons sur ce sujet avec plus de soin.

QUARANTE-SEPTIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CES PAROLES : « JE SUIS LE BON PASTEUR, ET JE CONNAIS MES BREBIS », JUSQU’À CES AUTRES : « LE DÉMON PEUT-IL OUVRIR LES YEUX DES AVEUGLES ». (Chap. 10,14-21.)

PASTEUR ET PORTE.

Jésus-Christ nourrit ses brebis du pain de la vérité ; c’est par sa grâce que les prédicateurs ont entrée dans l’esprit des fidèles pour y porter la connaissance du bon Pasteur. Il y entre donc par lui-même. Il est aussi exclusivement la porte qui nous conduit au Père, car il a quitté son âme, il est mort pour nous ; œuvre d’autant plus méritoire qu’elle fut l’effet de sa pleine liberté, bien que son Père la lui eût commandée.


1. Tous ceux d’entre vous qui écoutent la parole de notre Dieu, non seulement avec plaisir, mais encore avec attention, se souviennent, sans aucun doute, de la promesse que nous vous avons faite. On vous a donné encore aujourd’hui lecture du passage de l’Évangile qui nous a déjà été lu dimanche dernier ; comme nous nous étions arrêté sur certaines explications indispensables, il nous a été impossible de vous fournir toutes celles dont vos désirs nous rendaient redevables envers vous. Nous ne nous occupons donc plus aujourd’hui de ce qui a été précédemment dit et discuté. En nous répétant, nous nous exposerions peut-être à ne pouvoir traiter les sujets non encore abordés. Vous avez déjà appris, au nom du Seigneur, qui est le bon pasteur, et comment les bons pasteurs sont ses membres ; vous savez qu’il n’y a par conséquent qu’un seul pasteur. Vous n’ignorez pas davantage quels sont les mercenaires à supporter ; le loup, les voleurs et les brigands à éviter ; vous connaissez les brebis et la porte par laquelle entrent dans le bercail les brebis et le pasteur. On vous a dit qui est-ce qui est désigné sous le nom de portier ; enfin, vous savez que celui qui n’entre point par la porte est un voleur et un brigand, dont le but unique est de dérober, de tuer et de détruire. Tout cela a été dit et, je le pense, suffisamment expliqué. Notre Sauveur Jésus-Christ nous a déclaré être le pasteur et la porte, et il a ajouté que le bon pasteur entre dans la bergerie par la porte ; aujourd’hui, nous dirons donc, avec le secours de la grâce, comment il entre par lui-même. Puisque, d’une part, nul n’est bon pasteur s’il n’entre par la porte, et que, d’autre part, il est lui-même et particulièrement le bon pasteur et aussi la porte, je dois nécessairement comprendre qu’il entre par lui-même dans le bercail, qu’il fait entendre sa voix à ses brebis afin qu’elles le suivent, et qu’en entrant et en sortant, elles trouvent des pâturages, c’est-à-dire la vie éternelle.
2. Je m’explique donc sans plus tarder. Je cherche à pénétrer en vous, c’est-à-dire en vos cœurs ; c’est pourquoi je vous prêche le Christ : si je vous prêchais autre chose, je chercherais à entrer par un autre endroit. Le Christ est donc pour moi la porte par laquelle il m’est légitimement possible d’arriver jusqu’à vous : par le Christ, je pénètre, non jusqu’à vos murs, mais jusqu’à vos cœurs. J’entre en vous par le Christ, et vous l’écoutez volontiers parler par ma bouche. Et pourquoi l’écoutez-vous avec plaisir en ma propre personne ? Parce que vous êtes les brebis du Christ, rachetées au prix de son sang. Vous connaissez votre valeur : je ne vous la donne