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participation de la lumière ; car il ne voit plus rien dès que tu lui retires cette lumière, dont les rayons ont dissipé ses ténèbres en se communiquant à lui. L’âme devient bonne, en puisant en Dieu sa bonté ; mais si elle subit un changement et devient mauvaise, la bonté, en participation de laquelle elle était entrée, n’en subsiste pas moins. Pendant qu’elle était bonne, elle possédait la bonté dans une certaine proportion ; devenue mauvaise, elle a laissé la bonté libre de toute atteinte. Cette lumière s’est communiquée à ton œil, et il voit ; se ferme-t-il ? l’intensité des rayons lumineux n’est en rien diminuée ; s’ouvre-t-il ? leur éclat n’en est nullement augmenté ; À l’aide de cette comparaison, mes frères, vous pouvez comprendre que si l’âme est pieuse, la piété elle-même réside en Dieu, qui en communique quelque chose à l’âme ; si l’âme est chaste, la chasteté bien Dieu, et Dieu permet à l’âme d’y participer. Si l’âme est bonne, elle puise à la source même de la bonté qui se trouve en Dieu. Si l’âme est véridique, c’est que Dieu, en qui réside la vérité, l’en a fait participante. Tout homme dont l’âme n’est pas en participation de la vérité, est, par là même, convaincu d’erreur [1] ; et dès lors que tout homme est menteur, nul n’est véridique de sa propre nature. Quant au Père, il est véridique, et il l’est de par lui-même, parce qu’il a engendré la vérité. Autre chose est de dire : Cet homme est véridique, parce qu’il est entré en participation de la vérité ; autre chose est de dire : Dieu est véridique, parce qu’il a engendré la vérité. Si Dieu est véridique, ce n’est donc point pour être entré en participation de la vérité : c’est pour l’avoir engendrée. Je le vois, vous avez saisi ma pensée, et je m’en réjouis. Que ce que j’ai dit vous suffise pour aujourd’hui ; nous vous expliquerons le reste quand Dieu le permettra et selon la mesure de sa grâce.

QUARANTIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CET ENDROIT : « C’EST POURQUOI JÉSUS LEUR DIT : QUAND VOUS AUREZ ÉLEVÉ LE FILS DE L’HOMME », JUSQU’À CET AUTRE : « ET VOUS CONNAÎTREZ LA VÉRITÉ, ET LA VÉRITÉ VOUS AFFRANCHIRA ». (Chap. 8, 28-32.)

LE CHRIST DIEU.

Le Sauveur proclamait sa divinité, mais la gloire de sa résurrection et les prodiges qui devaient la suivre, étaient destinés à la faire briller d’un vif éclat, à convertir un grand nombre d’hommes. Oui, de tous ces événements devait ressortir la preuve que le Christ est, qu’il a été engendré avant tous les temps par le Père, qu’il est la vérité même. Ces événements sont pour nous un puissant motif de persévérer dans la foi ; notre persévérance nous conduira des ombres de la foi à la claire vue de la vérité.


1. Vous avez déjà entendu lire un grand nombre de passages tirés du saint Évangile selon saint Jean, Évangile que vous voyez entre nos mains. Ces passages, nous vous les avons expliqués de notre mieux avec le secours de la grâce divine. Nous vous l’avons dit, cet Évangéliste a choisi de préférence, comme thème de son livre, la divinité du Sauveur, selon laquelle il est égal à son Père et Fils unique de Dieu ; c’est pourquoi Jean a été comparé à un aigle, parce que l’aigle est, de tous les oiseaux, celui qui s’élève le plus haut dans les airs. Apportez donc une extrême attention à écouter la suite de cet Évangile : je vous en expliquerai successivement tous les textes, comme le Seigneur me permettra de le faire.
2. Nous vous avons parlé à l’occasion de la leçon précédente, et nous vous avons dit en quel sens on doit comprendre que le Père est

  1. Ps. 115, 11