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peut-être par la parenté, ce qui arrive à l’égard d’un père et de son fils, soit que le père se plaigne de la mauvaise conduite de son enfant, soit que le fils accuse la dureté de son père, nous conservons, nous ne détruisons pas les droits qu’a le père au respect de son fils ; nous n’accordons point à celui-ci la même considération qu’à celui-là ; mais si le fils a raison contre sou père, nous lui donnons gain de cause. Le respect dû à la vérité exige que nous soutenions les droits du fils comme nous soutiendrions ceux du père ; nous rendrons donc à celui-ci l’honneur qu’il mérite, mais nous ne permettrons pas que la justice perde ses droits. Voilà le profit que nous devons tirer des paroles du Sauveur ; sa grâce nous aidera à le faire.

TRENTE ET UNIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CE PASSAGE « QUELQUES-UNS DE JÉRUSALEM DISAIENT DONC : N’EST-IL PAS CELUI QU’ILS CHERCHAIENT À FAIRE MOURIR ? » JUSQU’À CET AUTRE : « VOUS ME CHERCHEREZ ET NE ME TROUVEREZ POINT, ET OU JE SERAI VOUS NE POUVEZ VENIR ». (Chap. 7,25-36.)

LE CHRIST-DIEU MÉCONNU DES JUIFS.

Le Christ était homme ; c’est pourquoi ses ennemis connaissaient à peu près tout ce qui le concernait comme tel, et voulaient l’emparer de lui : il était aussi Dieu, mais ils ignoraient qu’il le fût voilà néanmoins le motif qui les empêcha de s’emparer de lui avant l’heure qu’il avait librement fixée. Aujourd’hui, ils le méconnaissent malgré ses miracles ; plus tard, après sa résurrection, ils devront le chercher sans le reconnaître davantage : cette grâce est d’abord réservée aux Gentils lui devaient croire en lui, quoiqu’ils n’eussent pas été les témoins de ses œuvres merveilleuses.


1. Votre charité s’en souvient : les jours précédents, on vous a lu dans l’Évangile, et nous vous avons expliqué autant qu’il nous a été possible, le passage où il est dit que Notre-Seigneur Jésus-Christ était monté, marne en secret, au jour de fête ; il ne craignait pas, avons-nous dit, de tomber aux mains des Juifs, puisqu’il avait tout pouvoir pour les empêcher de s’emparer de lui : son intention en cela était de montrer qu’il choisissait précisément pour se cacher le jour de fête célébré par les Juifs, et qu’il avait des motifs particuliers d’agir ainsi. La leçon d’aujourd’hui nous a fait voir la preuve de sa puissance là où nous n’apercevions en lui que de la timidité ; car, en ce jour de fête, il se mit à parler en public de façon à étonner la multitude et à lui faire dire ce que nous tenons d’entendre lire : « N’est-ce pas celui qu’ils cherchaient à faire mourir ? Et voilà qu’il parle ouvertement, et ils ne lui disent rien : les chefs auraient-ils connu que celui-ci est véritablement le Christ ? » On savait avec quelle rage ils le poursuivaient, et l’on s’étonnait de voir qu’il pouvait échapper à leurs poursuites ; et comme la foule ne connaissait pas encore sa puissance divine, elle attribuait le fait de sa liberté aux lumières des princes du peuple, supposant qu’ils avaient reconnu en lui le Christ, et qu’en conséquence ils l’avaient épargné, après avoir si vivement cherché les moyens de le faire mourir.
2. Puis, après avoir dit : « Les chefs auraient-ils connu que celui-ci est véritablement le Christ ? » ces hommes rentrèrent en eux-mêmes et se demandèrent si vraiment Jésus était le Christ. La réponse leur semblait négative, puisque aussitôt ils ajoutèrent : « Nous savons bien d’où vient celui-ci ; mais quand le Christ viendra, nul ne saura d’où il est ». D’où était venue aux juifs cette opinion, qui, certes, n’était pas à dédaigner, et selon laquelle « personne ne devait savoir d’où était le Christ quand il viendrait ? » Si nous examinons attentivement l’Écriture,