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VINGT-DEUXIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CES PAROLES : « EN VÉRITÉ, EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS : CELUI QUI ÉCOUTE MES PAROLES ET CROIT À CELUI QUI M’A ENVOYÉ, À LA VIE ÉTERNELLE », JUSQU’A CES AUTRES : « PARCE QUE JE NE CHERCHE PAS MA VOLONTÉ, MAIS LA VOLONTÉ DE CELUI QUI M’A ENVOYÉ ». (Chap. 5,24-30.)

LE CHRIST, VIE ET RÉSURRECTION.

Écouter le Sauveur et croire à sa parole, c’est la condition requise pour parvenir à la vie spirituelle, qui est la véritable vie, et ne pas être soumis à un jugement de condamnation. La vie spirituelle consiste dans la justice et la charité ; le moment d’y arriver dure depuis l’avènement du Christ et durera jusqu’à la fin du monde. Jésus-Christ en est la source, car il la possède en lui-même, et non par emprunt. Quant à la résurrection des corps, il l’opérera plus tard, et, alors, il jugera les hommes suivant les règles de la justice éternelle, et la volonté de son Père.


1. À la suite du passage de l’Évangile, qui a servi de texte à nos discours d’avant-hier et d’hier, vient celui qu’on nous a lu aujourd’hui nous allons traiter, l’une après l’autre, les différentes parties de cette leçon, non pas, sans doute, aussi bien qu’elles le mériteraient, niais, du moins, selon la mesure de nos forces : car, en ce qui vous concerne, il vous est impossible d’absorber toutes les eaux qui découlent de cette source si pure ; vous n’en pouvez prendre qu’en raison de votre capacité. Nous ne pouvons nous-même, dans les instructions que nous vous adressons, vous communiquer tous les enseignements qui proviennent de là ; nous en sommes réduits à vous dire ce que nous sommes à même d’y puiser : les accents de notre voix parviendront donc jusqu’à vous : plaise à Dieu d’adresser à vos cœurs des leçons plus étendues que celles qui retentiront dans vos oreilles. Nous ne sommes pas grand ; nous sommes, au contraire, singulièrement petit, et, néanmoins, il nous faut traiter de bien grandes choses ; mais nous avons tout espoir et toute confiance en celui qui, malgré sa grandeur, s’est fait petit pour nous. Il nous serait impossible d’arriver à saisir quelque chose de sa divinité, s’il n’avait pris lui-même notre condition mortelle et n’était descendu jusqu’à nous pour nous faire entendre le langage de son Évangile ; il est donc indispensable qu’il nous exhorte et nous invite à le comprendre, qu’il ne nous abandonne pas en raison de notre bassesse ; aussi a-t-il voulu entrer avec nous en participation de ce qui se trouve en nous d’abject et de moindre : sans cela, nous serions autorisés à croire que celui qui s’est abaissé jusqu’à notre infirmité n’a point voulu nous communiquer sa grandeur. En parlant ainsi, j’ai voulu prévenir, chez les uns, la tendance à me reprocher comme une audace téméraire la tâche que j’entreprends de vous expliquer ce passage, et, chez les autres, la crainte désolante de ne point saisir, même avec la grâce de Dieu, les paroles que son Fils a bien voulu leur adresser. Il nous a parlé : nous devons donc le croire, sa volonté est que nous comprenions ce qu’il nous dit si nous sommes dans l’impossibilité de le faire, prions-le, et il nous accordera cette faveur, puisque sans en avoir été prié, il nous a accordé celle de sa parole.
2. Voici le passage mystérieux qui doit nous occuper, écoutez-moi attentivement : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle ». C’est chose indubitable, nous tendons tous à la vie éternelle, et, malgré cela, le Sauveur dit : « Celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle ». A-t-il voulu que nous entendions sa parole sans la comprendre ? Il est certain que si l’on acquiert la vie éternelle en écoutant et en croyant la parole de Dieu, on y arrive plus sûrement encore en saisissant cette même parole. Pour avancer dans la piété, il faut la foi, et le fruit de la foi n’est autre que l’intelligence, et par l’intelligence on parvient à la vie éternelle au sein de cette vie, on ne nous lira pas l’Évangile ;