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grains soient recueillis ; que tout ce qui chez eux porte du fruit revienne à l’arche, porté par la colombe.
25. Ainsi mis en défaut sur tous les points, ne trouvant plus rien à dire, que nous objectent-ils ? Ils nous ont pris nos maisons de campagne ; ils nous ont enlevé nos propriétés ; ils exhibent des testaments. Voici, disent-ils, la preuve que Gaïus Seïus a donné un fonds de terre à l’Église, à la tête de laquelle se trouvait Faustinus. De quelle Église Faustinus était-il évêque ? C’est l’Église à laquelle présidait Faustinus ; Faustinus était à la tête non pas d’une Église, mais d’un parti. La colombe seule est l’Église. Pourquoi crier ? Nous n’avons pas dévoré ces maisons de campagne : que la colombe les possède, que l’on sache qu’elle est la colombe et qu’elle les possède. Car, vous le savez, mes frères, ces maisons de campagne n’appartiennent pas à Augustin ; si vous l’ignorez, vous supposez que mon bonheur est de les posséder ; mais Dieu ne l’ignore pas, il sait ce que j’en pense, ce que je souffre à leur endroit ; il connaît avec quels gémissements, en raison de ce qu’il a daigné me confier des biens de la colombe. En tout cas, voilà ces biens. En vertu de quels droits les revendiques-tu ? Est-ce en vertu du droit divin ou du droit humain ? Qu’ils répondent, le droit divin, nous l’avons dans les Écritures ; le droit humain, dans les lois des empereurs, Ce que chacun possède, de quel droit le possède-t-il ? Car, de droit divin, la terre et tout ce qu’elle renferme est au Seigneur[1]. Dieu a fait les hommes, les pauvres et les riches, d’un même limon ; pauvres et riches ne sont-ils pas supportés par la même terre ? C’est donc de droit humain que l’on dit : Ce bien est à moi, cette maison m’appartient, cet esclave est ma propriété. Si c’est de droit humain, c’est du droit des empereurs. Pourquoi ? Parce que Dieu s’est servi des empereurs et des princes du siècle, pour faire entre les hommes le partage de leurs droits. Voulez-vous que nous lisions les lois des empereurs et que nous tranchions par elles la question de possession de ces biens ? Si vous prétendez posséder de droit humain, récitons les lois des empereurs. Voyons si elles ont voulu accorder aux hérétiques le droit de posséder. Mais, disent-ils, que me fait l’empereur ? Cependant, c’est par son droit que vous possédez quelque portion de terre. Ou bien, fais disparaître le droit des empereurs, et alors qui osera dire : Ce bien est à moi, ou bien cette maison et cet esclave m’appartiennent ? Que si pour les avoir il leur a fallu admettre le droit des empereurs, voulez-vous que nous récitions leurs lois pour vous donner le contentement d’y voir que si vous avez mm seul jardin vous ne le devez qu’à ta mansuétude de la colombe, et parce qu’elle vous permet de le conserver ? En effet, nous lisons des lois manifestes des empereurs, où ils défendent à ceux qui usurpent le nom de chrétiens sans appartenir à la communion de l’Église catholique et qui ne veulent pas adorer en paix l’auteur de la paix, de rien oser posséder au nom de l’Église.
26. Mais, objectent-ils toujours, qu’y a-t-il entre nous et l’empereur ? Je le leur ai déjà dit : Il s’agit de droit humain. Or, l’Apôtre a voulu que l’on obéît aux princes ; il ordonne de les honorer, et il a dit : « Révérez le prince [2] ». Ne dis donc pas : Qu’y a-t-il entre nous et le prince ? En ce cas, qu’y a-t-il entre toi et le droit de posséder ? C’est par le droit des princes que l’on possède. Tu dis : Qu’y a-t-il entre nous et le prince ? Ne parle donc plus de tes possessions, puisque tu as renoncé au droit humain sur lequel elles sont fondées. Mais, reprennent-ils, je me fonde sur le droit divin. En ce cas, relisons l’Évangile, voyons jusqu’où s’étend l’Église catholique, l’Église du Christ sur lequel est descendue la colombe et dont elle nous a appris « que c’est Celui-là qui baptise ». Lorsque l’Écriture dit : « Une est la colombe, elle est une pour sa mère » ; pourquoi avez-vous déchiré la colombe ? Je dis mieux, pourquoi avez-vous déchiré vos entrailles ? Car, après que vous vous êtes déchirés, la colombe demeure intacte. Puis donc, mes frères, qu’ils n’ont plus rien à dire, moi je leur dis ce qu’ils ont à faire, Qu’ils viennent à l’Église catholique, et ils posséderont avec nous, non seulement la terre, mais encore celui qui a créé le ciel et la terre,

  1. Ps. 23, 1
  2. 1 Pi. 2, 17