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une manière plus précise de la descente de la colombe, et nous l’y trouverons clairement marquée au moment où le Seigneur sortit de L’eau. Ce fut, en effet, après le baptême du Sauveur que les cieux s’ouvrirent et que Jean-Baptiste vit descendre le Saint-Esprit [1]. Si Jean n’a connu Jésus-Christ qu’après son baptême, comment pouvait-il dire au moment où le Sauveur s’approchait de lui, pour en recevoir le baptême : « C’est à moi d’être baptisé par vous ? » Occupez-vous intérieurement de cette difficulté ; jusqu’à notre prochaine réunion conférez-en les uns avec les autres, traitez-la par ensemble. Plaise au Seigneur notre Dieu d’en révéler d’abord la solution à quelqu’un d’entre vous, avant le jour où je dois vous en entretenir. Quoi qu’il en soit, mes frères, la question sera résolue, retenez-le bien : sur la question de la grâce du baptême, les Donatistes jettent de la poussière aux yeux des ignorants, ils tendent des lacets, pour y prendre, comme on prendrait des oiseaux au vol, les esprits inconsidérés. Aujourd’hui ils lèvent la tête ils cesseront de la lever, et nous leur fermerons parfaitement la bouche.

CINQUIÈME TRAITÉ.

LA COLOMBE.

ENCORE SUR CES PAROLES « JE NE LE CONNAISSAIS PAS, ETC. », OU IL EST MARQUÉ CE QUE JEAN À APPRIS DE NOUVEAU TOUCHANT NOTRE SEIGNEUR ET QUI LUI A ÉTÉ ENSEIGNÉ PAR LA COLOMBE. (Chap. 1, 33.)

LE BAPTÊME DU CHRIST.

Saint Jean était véridique, puisqu’il a été envoyé par la Vérité même : comment donc, au moment de baptiser le Christ, a-t-il pu dite qu’il devait être lui-même baptisé par le Christ, tandis qu’un peu plus loin il ajoute : « Je ne le connaissais pas ? » Jean baptisait, mais en son propre nom : bien différent est le baptême du Christ ; ceux qui le donnent, le donnent en son nom seul ; car s’il a commandé à ses Apôtres d’administrer le baptême, il s’est réservé le pouvoir de le rendre efficace. Jean savait que le Christ était le Seigneur, mais il ignorait que le baptême du Christ ne porterait pas d’autre nom et n’aurait de vertu que par lui.

Les Donatistes l’ignorent aussi ou feignent de l’ignorer, puisqu’ils réitèrent le baptême conféré par les hérétiques, concluant des défauts du ministre à son invalidité. La colombe a instruit Jean du contraire ; en cela consiste notre foi et notre tranquillité, et s’il a fallu réitérer le baptême de Jean, parce qu’il était celui de Jean, nous savons qu’il ne faut point réitérer celui du Christ, quels qu’en soient les ministres, parce qu’il tire de lui seul toute son efficacité.


1. Puisqu’il a plu à Notre-Seigneur de nous amener au jour marqué pour l’accomplissement de ma promesse, il nous accordera sans doute aussi sa grâce, pour que nous puissions nous acquitter de notre dette. Tout ce que nous vous disons n’est utile ni à vous, ni à nous, qu’autant qu’il vient de lui ; car ce qui vient de l’homme, n’est que mensonge, suivant celte parole de Jésus-Christ Notre-Seigneur : « Celui qui dit des paroles de mensonge, parle du sien ». Personne, en effet, n’a du sien que mensonge et péché. Mais ce que l’homme a de vérité et de justice, il le puise à celte source où nous devons chercher à nous désaltérer dans le désert de cette vie,

  1. Mt. 3, 16 ; Marc, 1, 10 ; Luc, 3 21, 22