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ayant habité parmi nous », il nous a, par sa naissance, préparé un collyre pour guérir nos yeux, et nous aider à apercevoir sa grandeur cachée sous le voile de ses abaissements. « Le Verbe s’est donc fait chair, et il a habité parmi nous », il a guéri nos yeux. Que lisons-nous ensuite ? « Et nous avons vu sa gloire ». Sa gloire, personne n’aurait pu la voir, à moins d’être guéri par l’humilité de sa chair. Pourquoi nous était-il impossible de la voir ? Que votre charité soit attentive, et comprenez bien mes paroles. L’œil de l’homme s’était comme rempli de poussière ou de terre, et sa vue en était troublée ; il ne pouvait voir la lumière. On applique le remède sur cet œil malade ; la terre avait fait son mal, on met de la terre pour le guérir. Car tous les collyres et tous les médicaments pour les yeux ne tirent leur vertu que de la terre. La poussière t’avait aveuglé, la poussière te guérit ; ton aveuglement était venu de la chair, de la chair est venue ta guérison. L’âme était, en effet, devenue charnelle par le consentement qu’elle avait donné aux désirs de la chair ; c’est ce qui avait crevé l’œil de ton cœur. « Le Verbe s’est fait chair », et le médecin t’a préparé un collyre. Et parce qu’il est venu afin d’éteindre en sa chair les vices de la nôtre, et de tuer notre mort par la sienne, il s’est fait en toi, et ainsi : « Le Verbe s’étant fait chair », tu peux dire que « nous avons vu sa gloire ». Quelle gloire ? Quel fils de l’homme est-il devenu ? C’est là pour lui de l’humiliation, et non de la gloire. Mais jusqu’où s’est porté le regard jel’homme, une fois qu’il a été guéri par la chair ? « Nous avons vu sa gloire », dit l’Evangéliste, « sa gloire comme Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité ». Cette grâce et cette vérité, si Dieu nous en fait la grâce, nous en parlerons plus au long une autre fois, quand nous expliquerons d’autres passages de ce même Évangile. Que ceci nous suffise pour aujourd’hui. Quant à vous, cherchez votre édification dans le Christ : que votre foi s’affermisse ; soyez attentifs à pratiquer toutes sortes de bonnes œuvres ; ne laissez point échapper de vos bras le bois qui doit vous aider à traverser la mer.

TROISIÈME TRAITÉ.

DEPUIS L’ENDROIT OÙ IL EST ÉCRIT : « JEAN REND TÉMOIGNAGE DE LUI » JUSQU’À CET AUTRE : « LE FILS UNIQUE, QUI EST DANS LE SEIN DU PÈRE, L’A RACONTÉ LUI-même ». (Ch. 1, 15-18.)

LOI ET GRÂCE.

Le médecin, venu jour guérir ceux qui étaient sous la loi, c’est le Verbe fait chair. Il était Fils de Dieu, véritable lumière du monde : celui-ci ne l’a pas connu : aussi, Jean est-il venu le montrer au monde, comme source de grâce et de bonheur. Par Adam, nous étions condamnés à la mort éternelle ; par le Christ, nous avons été amenés à avoir la foi et à mériter la récompense des élus. La loi rendait les hommes coupables ; la grâce et la vérité du Christ nous ont donné l’innocence. Les observateurs de la loi ne recevaient qu’une récompense temporelle ; si nous accomplissons la loi nouvelle, la vie éternelle sera notre partage.


1. Distinguer des dons de l’Ancien Testament, parce qu’elles appartiennent au Nouveau, la grâce et la vérité de Dieu, dont était rempli son Fils unique notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, lorsqu’il apparut aux saints, telle est la tâche que nous avons entreprise au nom du Seigneur et que nous avons promis à votre charité de remplir. Soyez donc attentifs, afin que Dieu m’accorde autant de savoir que mon esprit peut en comporter, et vous donne toute l’intelligence dont vous êtes susceptibles. Si cette semence répandue dans vos âmes n’est pas emportée par les oiseaux, si les épines ne l’étouffent pas, si elle n’est pas desséchée par la chaleur, si la pluie de mes exhortations quotidiennes unie