ans ; et, parce que tu as franchi le torrent, veuille ne point couper le pont que la miséricorde divine a établi pour le passage de ceux qui te suivront : laisse-le subsister jusqu’à la fin des temps. Que dire maintenant des tentations qui deviendront nécessairement de plus en plus nombreuses, à mesure que se multiplieront les scandales ? Le Sauveur a dit : « Parce que l’iniquité se répandra avec abondance, la charité de plusieurs se refroidira ». Mais l’Église, qui fait entendre ses cris d’une extrémité de la terre à l’autre, se compose de ceux dont il est dit ensuite « Celui qui persévérera jusqu’à la fin, sera sauvé[1] ». Toutefois, comment pourras-tu persévérer ? Où puiseras-tu des forces pour résister à un si grand nombre de scandales, de tentations et d’attaques ? Où prendras-tu la force nécessaire pour triompher d’un ennemi invisible ? Est-ce en toi-même ? Puisque le corps des fidèles sera étranger ici-bas pendant tous les siècles, d’où lui viendra l’espérance de subsister toujours, et de ne pas succomber ? « Je me mettrai à couvert sous vos ailes ». Voilà le motif de notre sécurité au milieu des épreuves, en attendant que les siècles se consomment, et que l’éternité nous reçoive : nous sommes à couvert sous les ailes de Dieu. Le monde est consumé par une chaleur brûlante ; mais on trouve une ombre bienfaisante sous les ailes de Dieu. « Je me mettrai à couvert sous vos ailes »
7. « Parce que, ô mon Dieu, vous avez exaucé ma prière[2] » : quelle prière ? celle par laquelle il a commencé. « O Dieu, écoutez ma demande ; soyez attentif à ma prière : je crie vers vous des extrémités du monde ». D’une extrémité de la terre à l’autre, mes cris se sont élevés vers vous : « Je me mettrai à couvert sous vos ailes, parce que vous avez entendu ma prière ». Mes frères, le Seigneur nous a recommandé la persévérance incessante dans la prière pour tout le temps de l’épreuve. « Vous avez donné un héritage à ceux qui craignent votre nom ». Continuons donc à craindre le nom du Seigneur : le Père éternel ne peut ni ne veut nous tromper. Des enfants s’imposent les plus grands sacrifices pour entrer en possession de l’héritage auquel ils ont droit à la mort de leurs parents ; et nous, nous ne travaillerons pas à acquérir l’héritage de notre Père céleste, que nous posséderons éternellement, non pas après lui, mais avec lui, parce qu’il ne meurt point ! « Vous avez donné un héritage à ceux qui craignent votre nom ».
8. « Vous ajouterez jours sur jours à la vie du roi »[3]. Le roi dont il est ici question, c’est celui dont nous sommes les membres, c’est le Christ lui-même, notre chef, notre roi. Vous lui avez ajouté jours sur jours : vous lui avez donné, non seulement cette vie passagère, qui a nécessairement un terme, mais encore l’autre vie, la vie sans fin de l’éternité ; aussi a-t-il dit : « Je demeurerai dans la maison du Seigneur pendant toute la suite des jours[4] », Pourquoi dit-il : « Pendant la suite des jours », si ce n’est par opposition avec la brièveté de la vie présente ? Tout ce qui finit est de courte durée ; mais les jours de l’existence de ce roi s’ajoutent à d’autres jours, de telle sorte que leur durée n’est pas éphémère, que le règne du Christ dans l’Église ne se borne pas à quelques années, mais qu’il se perpétue dans les siècles des siècles avec le règne des élus. Au ciel, il y a quantité de jours, et tous ces jours n’en font qu’un. Il y a quantité de jours, car j’ai dit : « Pendant la suite des jours ». Ils n’en font qu’un, et c’est pourquoi il a été dit : « Vous êtes mon Fils ; je vous ai engendré aujourd’hui[5] ». Aujourd’hui indique un seul jour ; mais ce jour n’a ni veille ni lendemain : de même qu’il ne commence pas là où finirait la veille, de même ne se termine-t-il pas au moment où commencerait le lendemain. L’Écriture parle, dans le même sens, des années de Dieu : « Pour vous, Seigneur, vous êtes toujours le même, et vos années ne passeront pas[6] ». Ces années sont comme des jours, comme un seul jour. Tu peux dire de l’éternité tout ce qui te plaira : dis d’elle tout ce que tu voudras, car quelle que soit ta manière de parler, tu n’en diras jamais assez : mais il faut nécessairement que tu en dises quelque chose, afin de pouvoir te former une idée de ce que tu ne saurais exprimer. « Vous ajouterez jours sur jours à la vie du Roi, et vous étendrez ses années de génération en génération », c’est-à-dire de la génération présente à la génération future ; de la génération présente que l’on compare à la lune, parce que toutes les générations du temps lui ressemblent ; puisque, comme cet astre,
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