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DISCOURS SUR LE PSAUME 59.

SERMON AU PEUPLE.

TRIOMPHE DE JÉSUS-CHRIST.

David a remporté sur ses ennemis de grandes victoires ; après les avoir exterminés, il a régné avec gloire ; ainsi Jésus-Christ a-t-il triomphé des hommes ; il a détruit en eux l’orgueil et les autres vices, et il les a soumis à son empire par la crainte de ses jugements ; ils se sont convertis, et alors l’Église a triomphé malgré ses humiliations et les persécutions qu’elle a endurées ; elle s’est répandue partout, et elle règne même sur les pécheurs, parce que Dieu la protège et la soutient dans ses combats.


1. Le titre de ce psaume est un peu long, mais ne nous en effrayons pas, car le psaume en lui-même est de peu d’étendue. Apportons à le comprendre la même attention que si nous devions lui consacrer un temps considérable. Nous vous parlons, en effet, au nom de Jésus-Christ, comme à des enfants nourris de la parole sainte dans l’Église de Dieu, comme à des personnes qui doivent puiser encore à la même source l’aliment de leurs âmes : vous savez apprécier la valeur de ces Écritures sacrées, pour lesquelles les mondains ne ressentent aucun goût : vous êtes donc familiarisés avec elles, et elles ne doivent plus vous paraître aussi difficiles à comprendre[1]. En effet, si vous avez écouté avec plaisir ce que nous vous avons dit si souvent ; si, au lieu de laisser tomber en oubli nos instructions, comme certains êtres laissent tomber dans leur estomac une nourriture qu’ils ne doivent point ruminer, vous les avez rappelées à votre souvenir pour en tirer un utile profit ; la mémoire fidèle que vous en avez gardée nous sera d’un grand secours ; elle nous dispensera de vous parler comme à des personnes peu instruites, puisque nous saurons que nous vous adressons des instructions auxquelles vous n’êtes pas étrangers. – Il est un point sur lequel nous avons souvent attiré votre attention ; le voici : dans presque tous les psaumes, tu dois reconnaître tantôt les paroles du Christ et de l’Église tout ensemble, tantôt celles du Christ pris isolément, ou de l’Église dont nous faisons partie : et ainsi, quand nous reconnaissons notre voix, il nous est impossible de ne pas éprouver un certain plaisir, et ce plaisir est d’autant plus vif que nous nous retrouvons plus parfaitement figurés par le Prophète. Le roi David fut un homme unique, mais il en figura plus d’un, car il représenta d’avance l’Église, composée d’un grand nombre d’hommes et répandue jusqu’aux extrémités de la terre : et dans les circonstances où il n’en figura qu’un seul, il fut l’image de l’Homme-Dieu, de Jésus-Christ, médiateur de Dieu et des hommes’. Dans ce psaume, ou plutôt dans le titre de ce psaume, il est question de certains faits glorieux de la vie de David, d’actions mémorables par lesquelles il a illustré son nom, soit en triomphant de ses ennemis, soit en les rendant tributaires, lorsqu’après la mort de Saül son persécuteur, il entra publiquement, à sa place, en possession du royaume d’Israël. Avant d’être persécuté, il était déjà roi, mais, comme tel, il n’était encore connu que de Dieu : dans la suite, lorsque sa royauté fut déclarée et qu’il fut monté sur le trône avec une gloire si éclatante, il triompha des ennemis auxquels fait allusion le titre de ce psaume, et ce titre fut ainsi conçu : « Pour la fin. À ceux qui seront changés pour l’inscription du titre. A David, pour l’instruction, lorsqu’il brûla la Mésopotamie de Syrie et la Syrie de Sobal ; lorsqu’il mit Joab en fuite, qu’il frappa Edom et douze mille hommes dans la vallée des Salines ». Nous lisons, dans les livres des Rois, que David a vaincu tous ceux dont les noms sont mentionnés ici : les habitants de la Mésopotamie de Syrie, ceux de la Syrie de Sobal, Joab et Edom[2]. Ces événements ont eu vraiment lieu, et nous en voyons ici l’histoire, écrite conformément à ce qui

  1. 1 Tim. 2,5
  2. 2 Sa. 8