Ils n’ont pu nuire à celui qui a été crucifié un moment, mais qui est bientôt sorti vivant du tombeau pour aller s’asseoir dans le ciel : « Les blessures qu’ils ont faites, ressemblent donc aux blessures que les enfants font avec leurs flèches[1] ». Avec quoi les enfants se font-ils des flèches ? Avec des roseaux. Et alors, quelles flèches ! quelle force quel arc ! quels coups ! quelles blessures ! « Seigneur, élevez-vous au plus haut des cieux, et que votre gloire se répande sur toute la terre ! » Pourquoi, Seigneur, êtes-vous élevé au plus haut des cieux ? Mes frères, nous ne voyons pas que Dieu soit élevé au plus haut des cieux, mais nous le croyons ; que sa gloire soit au-dessus de toute la terre, nous le croyons et nous le voyons. Veuillez remarquer le lamentable aveuglement des hérétiques. Ils se sont séparés de l’unité de l’Église de Jésus-Christ : ils tiennent à une partie et perdent le tout ; ils refusent d’être en communion avec cet univers où s’est répandue la gloire du Sauveur. Nous autres catholiques, nous sommes partout, parce que d’un bout du monde à l’autre, partout où s’est manifestée la gloire de Jésus-Christ, on nous trouve unis par les liens d’une même foi. Nous voyons aujourd’hui l’accomplissement de cette prophétie de David : « Notre Dieu est élevé au plus haut des cieux, et sa gloire est répandue sur toute la terre ». O hérésie insensée ! tu crois avec moi ce que tu ne vois pas, et tu ne crois pas ce qui se passe sous tes yeux ? Tu crois avec moi que le Christ est élevé au plus haut des cieux, quoique nous ne le voyions pas ; et tu nies que sa gloire soit répandue sur toute la terre, et néanmoins, il suffit d’ouvrir les yeux pour le voir. « Élevez-vous, Seigneur, au plus haut des cieux, et que votre gloire se répande sur toute la terre ».
14. Le Prophète laisse de nouveau parler le Seigneur. Pendant que le Prophète se livre aux transports de la joie et s’écrie : « Élevez-vous, Seigneur, au plus haut des cieux, et que votre gloire se répande sur toute la terre », Dieu lui-même commence à nous entretenir : il nous affermit et semble nous dire : Quel mal m’ont fait ceux qui me persécutaient ? Pourquoi nous adresse-t-il ces paroles ? Parce que nos ennemis nous persécutent aussi : mais ils ne réussiront pas davantage à nous nuire. Que votre charité écoute le Sauveur : il nous parle et nous encourage par son exemple. « Ils ont préparé un piège à mes pieds ; ils ont courbé mon âme[2] ». Ils ont voulu comme l’arracher du ciel et la précipiter dans les abîmes de la terre. « Ils ont courbé mon âme. Ils ont creusé une fosse devant moi, et y sont eux-mêmes tombés ». Est-ce à moi ou à eux-mêmes qu’ils ont nui ? Le Christ s’est montré Dieu, car il s’est élevé au plus haut des cieux, et sa gloire s’est répandue sur toute la terre. Nous voyons son règne : où se trouve le royaume des Juifs ? Parce qu’ils ont fait ce qu’ils ne devaient pas faire, ils ont été punis comme ils le méritaient. « Ils ont creusé une fosse et y sont eux-mêmes tombés ». Ils ont persécuté le Christ ; il n’en a pas souffert : eux seuls en ont pâti. Toutefois, mes frères, n’allez pas vous imaginer qu’une telle punition soit pour les seuls Juifs, car quiconque prépare un piège pour son frère, doit nécessairement y tomber le premier. Faites-y bien attention, mes frères ; considérez les choses en chrétiens, et ne vous laissez point séduire par les apparences. Parce que je vous parle de la sorte, quelqu’un d’entre vous pense peut-être à tel ou tel homme, qui a voulu tromper son frère ou lui tendre des pièges. Cet homme a tenté, en effet, de tromper le prochain, et il y a réussi : son frère est tombé dans les embûches qu’on lui avait tendues ; il s’est vu dépouiller de son bien, jeter en prison, accabler par de faux témoignages, enlacer dans des accusations capables de compromettre son honneur et sa vie. Le premier semble avoir joué le rôle d’oppresseur ; le second, celui d’opprimé ; celui-ci paraît avoir eu le dessous ; celui-là, le dessus : et alors, on croirait volontiers à une erreur, à une fausseté de ma part, parce que j’ai dit que celui qui prépare un piège à son frère, y tombe infailliblement le premier. Je m’adresse ici à des chrétiens : cherchez donc la preuve de ce que je vous dis dans les événements du passé que vous avez appris à connaître elle s’y trouve. Les païens ont persécuté les martyrs : on s’est emparé de ces défenseurs de la foi, on les a chargés de chaînes, on les a jetés en prison ; ils se sont vu envoyer aux bêtes : les uns ont fini par le fer, les autres par le feu. Les persécuteurs ont-ils vraiment remporté la victoire : les martyrs ont-ils été véritablement vaincus ?
Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VIII.djvu/631
Cette page n’a pas encore été corrigée