Inspire-lui la crainte de Dieu. Si, à ses yeux, l’Ecriture est la parfaite expression de la vérité, parce que tel est l’enseignement chrétien, qui n’est point sujet à l’erreur, comment pourra-t-il persévérer dans l’hérésie, surtout quand il portera son attention sur le spectacle frappant de l’existence de l’Église catholique, de cette Église que Dieu a répandue par tout le monde, dont il annonce l’admirable extension avant de l’opérer, à l’égard de laquelle enfin il a accompli toutes ses promesses ? Que ceux qui ne craignent pas Dieu prennent garde à eux et qu’ils tremblent, car a il a étendu son bras pour leur rendre suivant leurs mérites ».
21. « Ils ont profané son alliance ». Voici en quels termes est conçue cette alliance qu’ils ont profanée : « Toutes les nations « de la terre seront bénies en votre race[1] ». Ils ont profané son alliance. Et toi, que dis-tu à rencontre de ces paroles du divin Testateur ? L’Afrique seule a mérité la grâce de posséder saint Donat : l’Église du Christ est demeurée en lui seul. Dis donc : L’Église de Donat. Pourquoi dis-tu : L’Église du Christ, puisqu’il a été dit de lui : a En lui a seront bénies toutes les nations de la terre ? » Veux-tu suivre Donat ? Renonce au Christ, et alors tu seras libre. Écoutez ce qui suit : « Us a ont profané son alliance ». Quelle était cette alliance ? « Des promesses ont été faites à « Abraham et à sa race ». L’Apôtre ajoute : « Mes frères, lorsqu’un homme a fait un contrat ou un testament qui a été confirmé, « nul ne peut le casser ni y ajouter quoi que a ce soit. Or, des promesses ont été faites h a Abraham et à sa race ». L’Écriture ne dit pas : À ceux de sa race, comme si elle eût voulu en marquer plusieurs, mais « à sa race », c’est-à-dire à l’un de sa race, qui est le Christ[2]. C’est donc en ce Christ que reposent les promesses de l’alliance : « En ta race seront bénies toutes les nations de la terre ». Tu as donc profané celte alliance, puisque lu as fait schisme avec l’ensemble de toutes les nations, et que tu fais bande à part. Que tu aies été retranché et i)rivé de l’héritage céleste, c’est un effet de la colère de Dieu ; car, écoule bien ce qui suit : « Ils ont profané son alliance, ils ont été séparés par a la colère de son visage ». Se peut-il quelque chose de plus formel ? Est-il possible de désigner plus clairement les hérétiques ? « Ils ont été divisés par la colère de son visage ».
22. « Et son cœur s’est approché ». De qui veut nous parler le Prophète, sinon de celui qui les a séparés dans sa colère ? Pourquoi a son cœur s’est-il approché ? » C’est pour que nous comprenions ses desseins ; car les hérétiques ont servi à asseoir la vérité catholique, et ceux qui ne suivent pas les enseignements de la foi ont contribué à affermir ceux qui lui sont restés fidèles. Il y avait, dans nos saints livres, une foule de passages obscurs : des hérétiques se sont séparés, qui ont soulevé des doutes, au grand détriment de la tranquillité de l’Église de Dieu ; les obscurités ont disparu, et l’on a connu la volonté du Seigneur. Voilà pourquoi il est dit dans un autre psaume : a II s’est fait une assemblée de taureaux au milieu des peuples, qui les ont « suivis comme des vaches, afin de faire sortir ceux qui avaient été purifiés par l’argent[3] ». « Faire sortir », signifie faire paraître, faire briller : ainsi, dans l’art de travailler l’argent, on appelle ressorteurs ceux qui donnent une forme à un informe lingot. Il y avait donc, dans les rangs du peuple de Dieu, une multitude d’hommes capables de connaître et d’expliquer parfaitement le sens des Écritures : mais ils ne se faisaient pas connaître eux-mêmes et ne s’appliquaient à résoudre aucune difficulté, parce que personne ne songeait à en soulever. Est-ce qu’on avait traité d’une manière complète du mystère de la sainte Trinité, avant d’entendre blasphémer les Ariens ? Avait-on dit tout ce qui concerne la pénitence, tant que les Novatiens n’avaient point fait d’objection à ce sujet ? Ainsi, jusqu’au moment où certains hérétiques se séparèrent de l’Église et soutinrent la nécessité de réitérer le baptême, on n’avait point épuisé les questions qui y ont trait. On n’avait point non plus parlé nettement de l’unité de l’Église, comme on l’a fait depuis que ce nouveau schisme a ébranlé ceux d’entre les catholiques qui étaient faibles ; mais alors, ceux qui étaient pleinement instruits de ces matières ont dû, pour empêcher la perte des âmes infirmes, réfuter les vaines subtilités (les impies, et éclaircir, par leurs discours, ce qu’il y avait d’obscur dans l’Écriture sainte. De la sorte, la colère du visage de Dieu a séparé ces malheureux, et son cœur s’est approché
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