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catholique s’est répandue dans tout l’univers, de façon à ne laisser place à aucune objection ni à aucun témoignage en faveur de leur schisme. Ils le savent bien ; ils n’ignorent donc pas que ce qu’ils font est mal ; ils descendent donc tout vivants dans les enfers. Pour les autres, le feu de la colère divine les a consumés ; brûlés du désir de la contention, ils n’ont point consenti à se séparer de leurs chefs ; ces méchants les ont entraînés dans le mal ; le feu est venu en eux s’ajouter au feu, et la flamme dévorante de la colère de Dieu est venue se joindre à la flamme de la discorde. « Que la mort descende sur eux et qu’ils « soient précipités tout vivants dans les enfers, « parce que la malice est dans leur tente au « milieu d’eux ». « Dans leurs tentes », où ils ne sont que comme des étrangers et en passant ; car ils ne demeureront pas toujours sur la terre, quoiqu’ils apportent, dans la défense d’intérêts passagers, un acharnement extrême. « L’iniquité est donc dans leurs tentes ; « elle se trouve au milieu d’eux ». Que peuvent-ils avoir davantage, au milieu d’eux, que leur propre cœur ?
17. « Pour moi, j’ai crié vers le Seigneur ». Ce sont lus paroles du corps de Jésus-Christ : son unité est dans l’angoisse, l’ennui, les tourments et le trouble de son exercice. Cet homme unique, cet ensemble des membres d’un même corps, crie vers Dieu des extrémités de la terre, dans l’ennui profond où son âme est plongée : « J’ai », dit-il, a crié vers « vous des extrémités de la terre, pendant « que l’angoisse oppressait mon cœur[1] ». Il était unique, mais il représentait l’universalité, l’ensemble des membres du corps ; quoique se trouvant en tous lieux, il n’avait qu’une voix pour crier, des extrémités de la terre, vers le Seigneur. Si plusieurs n’étaient pas unis en lui, comment pourrait-il, des extrémités de la terre, ne faire entendre qu’un même cri ? « Pour moi, j’ai crié vers le Seigneur ». C’est bien : crie vers le Seigneur, et non pas vers Donat, dans la crainte d’avoir pour Ion Seigneur celui qui a renoncé à servir avec loi le Seigneur. « J’ai crié vers le Seigneur, et il m’a exaucé ».
18. « Le soir, le matin et à midi, je raconterai cl j’annoncerai, et il écoulera ma voix ». Ne garde pas le silence : annonce hautement ce que tu as appris, « le soir », sur le passé ; « le matin », sur l’avenir ; « à midi », sur l’éternité. À ce qu’il appelle « le soir », se rapporte ce qu’il raconte ; « au malin », ce qu’il annonce ; « à midi », l’accomplissement de ses désirs. Par le midi, il entend le sommet d’où l’on ne descend point vers le couchant : à midi, la lumière du soleil se trouve à son plus haut degré d’élévation ; c’est alors que se montre dans toute sa splendeur l’éclat de la sagesse, et que le feu de la charité fait sentir toute son ardeur. « Le soir, le matin, « à midi ». « Le soir », Jésus a été attaché à la croix ; « le matin », il est ressuscité ; il est monté au ciel « à midi ». « Le soir », je raconte la patience du Christ mourant ; j’annonce, « le matin », la nouvelle vie de sa résurrection ; je le prierai d’exaucer ma prière, lorsque « à midi » il sera assis à la droite de son Père. Celui qui intercède pour nous dans le ciel écoulera ma voix[2]. Quelle sécurité est celle du prophète ! Quelle est sa consolation ! Comme il se sent devenu plus fort contre les alarmes et la tempête, contre les méchants, contre les pécheurs du dehors et du dedans, contre ceux qui, après avoir appartenu à l’Église, en sont sortis !
19. C’est pourquoi, mes frères, tous ceux qui, réunis avec vous dans l’enceinte de l’Église, vous apparaissent comme des turbulents, des orgueilleux, des gens conduits par l’intérêt, vaniteux, dépourvus d’un zèle chaste, pur et tranquille pour la gloire de Dieu, suffisants, toujours prêts, s’ils en trouvaient l’occasion, à semer autour d’eux la discorde, tous ceux-là sont la paille de l’aire du Seigneur[3]. Le vent de l’orgueil les a déjà réduits à ce petit nombre que vous voyez ; mais la paille n’en sortira en totalité qu’au jour du jugement, en ce jour où le Seigneur purifiera son aire. Pour nous, nous n’avons plus qu’à chanter, à prier et à gémir avec le Psalmiste, et à dire, dans le sentiment de la jilus complète sécurité : a II rachètera mon a âme dans la paix ». Cette prière a trail à ceux qui n’aiment pas la paix : « Il rachètera « mon âme dans la paix », parce que j’étais pacifique avec ceux qui la délestent[4]. « Il rachètera mon âme dans la paix ; il la délivrera « de ceux qui s’approchent de moi ». Car, par rapport à ceux qui sont loin de moi, ma cause n’est pas en danger. J’ai bien moins à craindre un homme qui me dit : Viens, adore

  1. Ps. 60, 3
  2. Rom. 8, 11
  3. Mt. 3, 12
  4. Ps. 119, 7