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qu’on lui dit : « Demeurez en repos », c’est-à-dire, éloignez votre âme des querelles, ne raisonnez point, ne vous armez point contre Dieu, autrement vos armes seraient vivantes encore et non consumées par le feu. Mais si elles sont brûlées, « demeurez en paix », n’ayant plus de quoi combattre. Si vous êtes en repos en vous-mêmes, et que vous me demandiez tout ce que vous espériez d’abord de vous-mêmes : « Demeurez en repos, et vous verrez que je suis vraiment ce Dieu ».
15. « Je serai exalté au milieu des nations, exalté sur toute la terre ». J’ai dit tout à l’heure que la terre signifiait le peuple juif, et la mer les autres nations. « Les montagnes ont été transférées au sein des mers ; les nations se sont troublées et les royaumes se sont abaissés ; le Très-Haut a fait retentir sa voix et la terre a tremblé. Le Dieu des armées est avec nous, le Dieu de Jacob veut nous sauver »[1]. Toutes ces merveilles se sont opérées chez les nations, les nations se convertissent à la foi, et les armes de la présomption humaine sont brûlées : le repos, la paix du cœur nous montre en Dieu l’auteur de tous ces dons. Mais Dieu, après s’être ainsi glorifié, a-t-il donc abandonné le peuple juif, dont l’Apôtre a dit : « Je vous exhorte à n’être point sages en vous-mêmes, car une partie des Juifs est tombée dans l’aveuglement, jusqu’à ce que la plénitude des nations entrât dans l’Église »[2], c’est-à-dire, jusqu’à ce que les montagnes fussent transférées chez ces peuples, que les nuées y répandissent la pluie, et que le Seigneur par la grande voix de son tonnerre inclinât les empires. Jusqu’à ce que la plénitude des nations entrât. Qu’arrivera-t-il ensuite ? « Et qu’ainsi tout Israël fût sauvé »[3]. C’est dans ce même ordre que notre psaume a dit : « Ma gloire éclatera ce parmi les nations, elle éclatera sur la terre » ; c’est-à-dire, au milieu des mers et sur les continents, afin que tous puissent chanter ce qui suit : Le Dieu des armées est avec nous, le Dieu de Jacob veut nous sauvera.


DISCOURS SUR LE PSAUME 46

SERMON AU PEUPLE.

L’ASCENSION DU CHRIST.

Les fils de Coré ou les chrétiens doivent imiter la simplicité des enfants, en éviter l’irréflexion. Ils doivent chanter ce roi des Juifs et de tous les peuples, qui s’élève au milieu des jubilations, au bruit des trompettes, mais le chanter avec intelligence, ou plutôt avec la foi qui est la lumière du cœur. Il s’élève au ciel, d’où nous devons croire qu’il viendra pour le jugement. Il est assis à la droite de Dieu et veut s’asseoir dans nos cœurs. Pour cela il n’est pas nécessaire d’être enfant d’Abraham, il faut avoir la foi du centenier et éviter l’orgueil des Juifs.


1. Le Seigneur notre Dieu emploie dans les livres sacrés des saintes Écritures des moyens nombreux et variés pour alimenter cette foi dans laquelle nous vivons et qui nous vivifie, il en multiplie les figures et les expressions, et néanmoins il ne prêche qu’une même foi. C’est un même et unique sujet qui revient sous des symboles différents, afin d’éviter ainsi l’ennui et d’affermir en nous l’unité de foi par l’accord de ces symboles. Aussi, à propos du psaume que nous venons d’entendre et que nous avons chanté nous-mêmes, vous dirons-nous ce que vous connaissez déjà ; et néanmoins j’espère, avec le secours de Dieu, vous causer quelque plaisir en vous faisant ruminer en quelque sorte ce que vous avez vu çà et là. Cette expression ruminer désigne les animaux purs, et Dieu a voulu nous montrer par là que tout homme qui écoute sa parole doit la mettre dans son cœur, de

  1. Ps. 45,12
  2. Rom. 11,25
  3. Id. 26