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temple du roi. Il y a d’autres vierges qui sont hors du temple du roi, les vierges hérétiques : elles sont vierges à la vérité, mais de quoi leur servira cette virginité, si elles ne sont amenées dans le temple du roi ? Le temple du roi est dans l’unité : le temple du roi n’est ni ruineux, ni ouvert par des fentes, ni démembré. Ses pierres vivantes sont reliées par la charité. « Elles seront amenées dans le temple du roi ».
32. « A la place de vos pères il vous est né des enfants »[1]. Rien de plus clair. Voyez maintenant ce temple du roi, puisque c’est de lui que parle notre psaume, à cause de l’unité répandue par toute la terre, et que c’est là que doivent être présentées, sous peine de ne pas plaire au roi, celles qui ont voulu être vierges. « A la place de vos pères il vous est né des fils ». Ce sont les Apôtres qui vous ont engendrés ; ils ont été envoyés, ils ont prêché, ils sont des pères. Mais ont-ils pu demeurer toujours avec nous d’une manière corporelle ? Bien que l’un d’eux ait dit : « J’ai un vif désir d’être dégagé des liens du corps pour être avec Jésus-Christ, ce qui est sans comparaison le meilleur ; mais il est plus, avantageux pour vous que je reste en cette vie »[2] ; nonobstant cette parole, combien de temps a-t-il pu demeurer ici-bas ? Jusqu’aujourd’hui ? Jusqu’à la fin des siècles ? Leur absence a-t-elle donc mis l’Église dans le délaissement ? Point du tout : « A la place de vos pères il vous est né des fils ». Les Apôtres sont les pères, mais après les Apôtres il vous est né des fils que l’on a établis évêques. Car ces évêques, répandus aujourd’hui dans le monde entier, d’où sont-ils nés ? L’Église les appelle ses pères, et c’est elle-même qui les a engendrés, elle-même qui les a établis sur les sièges de ses pères. Ainsi donc, ô sainte Église, ne va pas te croire abandonnée parce que tu ne vois plus Pierre, que tu ne vois plus Paul, que tu ne vois plus ceux qui t’ont fait naître ; tu as trouvé d’autres pères dans ta propre lignée. « A la place de vos pères il vous est né des fils ; vous les établirez princes sur toute la terre ». Vois ce temple du Roi, comme il s’étend au loin, afin que les vierges qui n’ont pas été amenées à ce temple sachent bien qu’elles n’ont aucune part à espérer dans ces saintes épousailles. « A la place de vos pères il vous est né des fils ; vous les établirez princes sur toute la terre ». Telle est l’Église catholique : ses fils sont princes sur toute la terre, ses fils sont établis à la place de leurs pères. Que nos frères séparés le reconnaissent et qu’ils reviennent à l’unité, qu’ils se laissent amener dans, le temple du roi. Dieu a établi son temple en tous lieux, en tous lieux encore il a consolidé les bases des Apôtres et des Prophètes. L’Église a enfanté des fils qu’elle a établis princes sur toute la terre, à la place de leurs pères.
33. « Ils se souviendront de votre nom dans la suite des âges. C’est pour cela que les peuples vous confesseront »[3]. De quoi sert-il de confesser Dieu hors de son temple ? À quoi bon prier, si l’on ne prie sur la montagne ? « J’ai crié vers le Seigneur », dit le Prophète, « et il m’a exaucé du haut de sa montagne sainte »[4]. De quelle montagne ? De celle dont il est dit : « La ville placée sur la montagne ne saurait être cachée »[5]. De quelle montagne ? De celle que vit Daniel, comme une petite pierre qui grandissait démesurément, qui renversait les royaumes du monde et qui s’étendait sur toute la terre[6]. C’est là que doit adorer celui qui veut recevoir, que doit demander celui qui veut être exaucé, que doit confesser ses fautes celui qui en désiré le pardon. « C’est pour cela que les peuples vous confesseront dans le cours des siècles et à jamais ». Car dans la vie éternelle, si, comme il est vrai, il n’y a plus de gémissement à cause du péché, il y aura néanmoins confession éternelle du bonheur dont on jouira, et elle se fera par les chants de l’allégresse dans cette patrie meilleure et sans fin. C’est en effet de cette cité qu’il est écrit dans un autre psaume : « Cité de Dieu, on a dit de toi des merveilles »[7]. Cette Épouse du Christ, cette fille du roi, Épouse du roi, dont les princes doivent bénir le nom d’âge en âge, c’est-à-dire jusqu’à ce que finisse le monde qui se perpétue par tant de générations, eux qui ont pour elle une si vive charité, afin que, délivrée de ce mode, elle règne avec Dieu, les peuples doivent la confesser éternellement. Une charité parfaite mettra dans tous les cœurs l’éclat et la splendeur de la lumière, afin qu’elle se connaisse pleinement dans son universalité, elle qui est maintenant inconnue et cachée à elle-même dans beaucoup de ses membres. De là vient que

  1. Ps. 44,17
  2. Phil. 1,23-24
  3. Ps. 44,18
  4. Id. 3,5
  5. Mt. 5,14
  6. Dan. 2,35
  7. Ps. 86,3