Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VIII.djvu/264

Cette page n’a pas encore été corrigée

établis pour moi, imposez silence aux lèvres qui me calomnient, « qui profèrent l’outrage contre le juste, avec mépris et dédain ». Qui aboient l’outrage contre le Christ, et qui, dans leur orgueil, ne voient en lui qu’un méprisable crucifié.
20. « Combien est grande, ô Dieu, votre douceur ! »[1]. C’est le Prophète qui s’écrie, dans son admiration et à la vue de si grandes merveilles : « Seigneur, combien est grande cette douceur, que vous réservez à ceux qui vous craignent ». Vous aimez ceux-là mêmes que vous châtiez ; mais de peur qu’une trop grande sécurité ne les porte au relâchement, vous leur dérobez la douceur de votre amour, quand il leur est avantageux te vous craindre. « Mais vous la laissez sentir à ceux qui espèrent en vous ». Vous en laissez goûter la suavité à ceux qui ont mis en vous leur espoir. Car vous ne les privez point de ce qu’ils ont espéré jusqu’à la fin avec tant de persévérance. « En présence des enfants des hommes ». Car les enfants des hommes, qui ne vivent plus selon le vieil Adam, mais selon le Fils de l’homme, « que vous cacherez dans le secret de votre face », n’ignorent plus quelle demeure éternelle vous réservez, dans le secret de votre science, à ceux qui espèrent en vous. « Loin des hommes perturbateurs ». En sorte que nul homme ne les vienne troubler.
25. « Vous les mettrez dans votre demeure à l’abri des contradictions des langues »[2]. Mais tant qu’ils seront ici-bas exposés aux langues fourbes qui leur disent : Qui connaît votre langage, qui est revenu d’outre-tombe ? vous les mettrez à l’abri de cette croyance aux actions humaines et aux douleurs temporelles du Christ en cette vie.
22. « Béni soit le Seigneur qui a fait éclater « sa miséricorde dans la ville qui m’environne »[3]. Béni soit le Seigneur, car après le rude châtiment des persécutions, il a fait éclater sa miséricorde dans l’univers entier, et à tous les peuples de la terre.
23. « Pour moi, j’ai dit dans mon extase, ce peuple reprend la parole et s’écrie : Pour moi, dans ma stupeur, et sous le glaive implacable des païens ; voilà que je suis repoussé loin de vos regards ». Car si vous aviez l’œil sur moi, vous ne me laisseriez pas dans ces douleurs. « Aussi, avez-vous entendu la voix de ma prière, quand je criais vers vous »[4]. Alors, Seigneur, vous avez fait trêve au châtiment, et pour montrer que vous prenez soin de moi, vous avez exaucé la voix de ma prière, qui s’exhalait à grands cris sous le poids de ma douleur.
24. « Aimez le Seigneur, vous qui êtes ses saints ». Dans l’admiration de ce qu’il voit, le Prophète invite encore les hommes à louer Dieu. « Aimez le Seigneur », dit-il, « ô vous qui êtes ses saints, parce que le Seigneur cherche la vérité[5]. Et si le juste à peine est sauvé, où se cacheront le pécheur et l’impie[6] ? Aux superbes il rendra largement leurs dédains ». Il aura des châtiments sévères pour ceux qui ne cèdent point aux convictions de la vérité, retenus qu’ils sont par un orgueil excessif.
25. « Fortifiez-vous, affermissez vos cœurs »[7]. Ne cessez de faire le bien, afin de récolter au temps de la moisson. « O vous, qui espérez dans le Seigneur ». C’est-à-dire, espérez dans le Seigneur, vous qui le craignez et le servez dignement. ==DEUXIÈME

  1. Ps. 30,20
  2. Id. 21
  3. Ps. 30,22
  4. Id. 23
  5. Id. 24
  6. 1 Pi. 4,18
  7. Ps. 30,25