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que je franchirai la muraille ». Ce n’est point par ma puissance, mais par le secours de Dieu que je franchirai cette muraille que les péchés ont élevée entre les hommes et la Jérusalem céleste.
31. « Les voies de mon Dieu sont irréprochables[1] ». Il ne vient point chez les hommes qu’ils n’aient d’abord purifié la voie de la foi, afin qu’il puisse venir en eux, lui dont les voies sont pures. « Ses paroles sont éprouvées par le feu », c’est-à-dire par le feu des afflictions. « Il est le protecteur de ceux qui espèrent en lui[2] ». Et ceux qui, loin d’espérer en eux-mêmes, espèrent en lui, ne seront point consumés par la tribulation, car l’espérance vient après la foi.
32. « Qui donc serait Dieu, sinon le Seigneur » que nous servons ? « Qui est Dieu si ce n’est notre Dieu[3] ? » Qui est le vrai Dieu, sinon le Seigneur, que nous, ses enfants, devons posséder comme notre héritage, après l’avoir bien servi ?
33. « C’est le Dieu qui m’a revêtu de force[4] ». Le Dieu qui m’a donné une ceinture afin que je devinsse fort, et que la robe flottante des convoitises ne retardât point mes œuvres et mes démarches. « Et qui m’a aplani la voie de l’innocence ». Il a voulu m’aplanir la voie de la charité, afin que j’allasse à lui, comme j’ai dû aplanir la voie de la foi, par laquelle il vient à moi.
34. « Il a rendu mes pieds légers comme ceux du cerf[5] ». Il a rendu parfait cet amour qui me fera franchir les obstacles épineux et ténébreux de ce monde. « Il m’établira sur des lieux élevés ». Il fixera mes désirs dans le céleste séjour, afin que je sois rassasié de la plénitude de Dieu[6].
35. « C’est lui qui dresse mes mains au combat[7] ». Il me dresse à ces œuvres capables de vaincre ces ennemis qui s’efforcent de nous fermer le passage vers le royaume des cieux. « Vous avez tendu mes bras comme un arc d’airain », puisque vous me rendez infatigable dans la volonté des bonnes œuvres.
36. « Vous m’avez protégé pour me sauver, votre main m’a soutenu[8] ». Votre main, c’est-à-dire votre grâce. « Vos leçons m’ont dirigé vers ma fin ». Vos châtiments ne me permettent point de m’égarer, et me redressent afin que je rapporte mes actions à cette fin qui doit m’unir à vous. « Cette leçon doit m’instruire encore », car vos sévérités me feront atteindre le but où elles me dirigent.
37. « Vous avez élargi la voie sous mes pas[9] », et les voies étroites de la chair ne retarderont point ma course ; car vous m’avez dilaté dans cette charité qui opère le bien avec joie, et à qui les membres et tout ce qu’il y a de mortel en moi servent d’instruments. « Mes pieds n’ont pas été vacillants », c’est-à-dire qu’il n’y a incertitude ni dans la voie que j’ai suivie, ni dans les traces que j’ai laissées à ceux qui veulent me suivre.
38. « Je poursuivrai mes ennemis, et les atteindrai[10] ». Je poursuivrai en moi les convoitises charnelles qui ne me captiveront plus, mais je les atteindrai pour les détruire. Et je ne retournerai point qu’elles ne soient détruites. Je ne cesserai cette poursuite et ne me donnerai de repos, qu’après avoir anéanti tout ce qui me nuit.
39. « Je les briserai, et ils ne pourront se soutenir ». Ils ne soutiendront pas mes attaques. « Ils tomberont sous mes pieds[11] ». Après les avoir abattus, je leur préférerai cet amour qui me fait marcher vers l’éternité.
40. « Vous m’avez revêtu de force pour le combat ». Vous avez relevé par la force la robe flottante de mes désirs charnels, afin que rien ne m’embarrasse dans ce combat. « Vous avez renversé à mes pieds ceux qui s’élevaient contre moi[12] ». Vous avez jeté dans l’erreur ceux qui me trompaient, et ils se sont trouvés sous mes pieds, ceux qui voulaient s’élever au-dessus de moi.
41. « Vous avez jeté derrière moi mes ennemis[13] ». C’est-à-dire, vous les avez convertis, et vous les avez placés derrière moi, en les portant à me suivre. « Vous avez dissipé ceux qui me haïssent ». Vous avez conduit à leur perte ceux qui ont persévéré dans leur haine.
42. « Ils ont crié, et nul ne pouvait les sauver[14] ». Qui pourrait sauver ceux que vous ne sauvez pas ? « Ils ont crié vers le Seigneur, qui ne les a point exaucés ». C’est bien au Seigneur et non à tout autre qu’ils ont adressé leurs prières, et il n’a point jugé dignes de ses faveurs ceux qui n’abandonnaient point leurs désordres.

  1. Ps. 17,31
  2. Id.
  3. Id. 32
  4. Id. 33
  5. Id. 34
  6. Eph. 3,19
  7. Ps. 17,35
  8. Id. 36
  9. Ps. 17,37
  10. Id. 38
  11. Id. 39
  12. Id. 39
  13. Id. 41
  14. Id. 42