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pour voir et posséder cette part glorieuse. « De plus, jusqu’à la nuit, mes reins m’ont donné une sévère leçon ». En outre de l’intelligence, cette partie inférieure de moi-même, ou la chair, dont je me suis revêtu, m’a donné une leçon, en me faisant éprouver les ténèbres de la mort, qu’ignore cette intelligence.
8. « Je plaçais toujours le Seigneur en ma présence[1] ». En venant dans ce monde qui passe, je n’ai point perdu de vue celui qui demeure éternellement, avec le dessein de rentrer en lui, après cette vie des temps. « Car il est à ma droite, afin que je ne sois point ébranlé ». Il m’assiste, afin que je demeure ferme en lui-même.
9. « C’est pour cela que mon cœur a tressailli, que ma langue a chanté sa joie ». La joie donc a rempli mes pensées, et l’allégresse a éclaté dans mes paroles. « En outre, ma chair reposera dans l’espérance ». Ma chair ne sera point absorbée par la mort, mais elle s’endormira dans l’espérance de la résurrection.
10. « Parce que vous ne laisserez point mon âme dans les enfers[2] ». Vous ne donnerez pas mon âme comme une proie aux enfers, « et vous ne permettrez pas que votre saint « éprouve la corruption ». Vous n’abandonnerez pas à la pourriture un corps sanctifié, qui doit sanctifier les autres. « Vous m’avez fait connaître les voies de la vie ». C’est par moi que vous avez enseigné la voie de l’humilité, afin que les hommes revinssent à la vie, qu’ils avaient perdue par l’orgueil : et comme je suis en eux, c’est à moi que vous l’avez fait connaître. « Vous me remplirez de joie en me faisant voir votre face ». Quand ils vous verront face à face, leur joie sera telle qu’ils n’auront plus aucun désir ; et comme je suis en eux, c’est moi que vous remplirez de joie. « A votre droite sont d’éternelles délices[3] ». Vos faveurs et vos bontés nous sont délicieuses dans le chemin de cette vie, et nous font arriver au comble de la gloire en votre présence.


DISCOURS SUR LE PSAUME 16

L’ÉGLISE DE LA TERRE.

Environnée d’ennemis pervers, l’Église fait appel à Dieu. Elle le remercie de la protection qu’il lui accorde chaque jour, et a la ferme espérance de triompher par cette protection.

PRIÈRE DE DAVID (Ps. 16,1).


1. Il faut attribuer cette prière à Jésus-Christ uni à l’Église, qui est son corps.
2. « Seigneur, écoutez ma justice, entendez ma prière. Prêtez l’oreille à mes supplications, mes lèvres ne sont point trompeuses[4] ». Cette prière ne vous arrive pas de lèvres qui déguisent. « Que mon jugement émane de votre visage ». Que votre connaissance m’éclaire et me fasse juger selon la vérité. Ou bien, que mon jugement n’émane point de lèvres menteuses, mais de votre clarté, afin que je ne prononce rien de contraire à ce que je découvre en vous. « Que mes yeux voient l’équité », c’est-à-dire les yeux de mon cœur.
3. « Vous avez sondé mon cœur en le visitant la nuit ». Car ce cœur a été mis à l’épreuve quand la tribulation l’a visité. « Vous m’avez éprouvé par le feu, et vous n’avez point trouvé l’iniquité en moi[5] ». Cette épreuve de l’affliction qui a fait ressortir ma justice, peut être appelée, non seulement une nuit qui nous trouble, mais un feu qui brûle.
4. « En sorte que ma bouche ne parle point selon les œuvres des hommes[6] ». Afin que rien ne sorte de ma bouche qui ne soit pour votre gloire et votre louange ; et non pour les œuvres des hommes qui agissent contre votre volonté. « A cause des paroles de votre bouche », paroles de votre paix, ou de vos prophètes ; « j’ai traversé des voies difficiles » ; ces voies pénibles de la mortalité humaine et des douleurs.
5. « Pour affermir mes pieds dans vos sentiers[7] ». Afin que la charité de l’Église devînt parfaite dans ces étroits sentiers qui conduisent à votre repos. « Afin que mes pas ne chancellent point », afin que ne s’effacent jamais les marques de mon passage, empreintes comme des pas, dans les sacrements et dans les écrits de mes Apôtres, et que ceux qui ont la volonté de me suivre puissent les regarder et les connaître. Ou bien, afin que je demeure inébranlable dans l’éternité, après avoir parcouru des chemins difficiles, et marqué mes pas dans vos étroits sentiers.
6. « J’ai crié, ô mon Dieu, parce que vous m’avez exaucé[8] ». Je vous ai adressé ma prière avec force et avec ferveur, parce que vous m’avez exaucé quand ma prière plus faible vous demandait cette ferveur. « Prêtez-moi l’oreille, écoutez mes paroles[9] ». Que votre bonté n’abandonne point ma bassesse.
7. « Faites éclater vos miséricordes[10] », de peur que ces bontés ne retombent dans le mépris, et n’obtiennent un amour trop imparfait.
8. « Vous qui protégez ceux qui espèrent en vous, contre ceux qui refusent votre droite », ou ces faveurs que vous m’accordez. « Conservez-moi, Seigneur, comme la prunelle de l’œil[11] », qui paraît petite et rétrécie ; c’est elle néanmoins qui donne à la

  1. Id. 8
  2. Id. 10
  3. Ps. 15,11
  4. Id. 2
  5. Id. 3
  6. Id. 4
  7. Ps. 16,5
  8. Id. 6
  9. Id.
  10. Id. 7
  11. Id. 8