Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VI.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

comme terrestres, les hommes comme des hommes elles troupeaux comme des troupeaux ; elle ne célèbre rien de déréglé, rien de désordonné ; ne prend pas en vain le nom du Seigneur son Dieu, n’attribue pas au Créateur la nature de ce qui est créé ; elle parle enfin de tout avec tant de mesure, qu’elle n’élève pas ce qui vaut moins au-dessus de ce qui vaut davantage et n’abaisse pas non plats ce qui vaut davantage au-dessous de ce qui vaut moins.« Elle a mis l’ordre dans ses paroles. » Rien de plus beau que cet ordre. C’est pourquoi elle-même dit aussi : « Mettez en moi l’ordre dans la charité [1]. » N’intervertissez pas, ne troublez pas, ne confondez pas ce que Dieu a réglé. « Mettez en moi l’ordre dans la charité. » Aimez-moi comme vous devez m’aimer, et Dieu comme vous devez aimer Dieu ; n’offensez pas Dieu à cause de moi, ne m’offensez pas non plus pour tout autre, ni tout autre pour moi. « Mettez en moi l’ordre dans la charité. » L’heureuse fille de cette femme forte, dont nous célébrons aujourd’hui les souffrances en même temps que les souffrances d’autres martyrs, et dont anus venons d’entendre la profession de foi, était entrée dans cet ordre, elle avait mis cet ordre dans ses paroles lorsqu’elle disait : Je rends à César l’honneur dû à César ; mais c’est Dieu que je crains. « Elle a ouvert la bouche avec réflexion et a mis l’ordre dans ses paroles. »
24. « La vie est sévère dans sa maison. » – Sévère ; « énergique, réglée ; point de licence ; elle n’aime pas la dissolution. Elle ne mange pas son pain dans l’oisiveté ; » elle a dû le mériter.
25. Ici une question : cette femme laborieuse, pleine de vigilance et de sollicitude, conduit sa maison avec sévérité, se lève la nuit, empêche sa lampe de s’éteindre, se montre forte sous le poids de la tribulation, craintive tant qu’elle n’a point reçu l’accomplissement des promesses ; elle affermit ses bras pour tourner le fuseau, et ne mange pas son pain dans l’oisiveté : pourquoi donc après ces travaux qui semblent indiquer la pauvreté et les besoins de cette vie, pourquoi se réjouira-t-elle aux derniers jours ? Pourquoi ? Vous voulez le savoir ? Écoutez dans quelle espérance notre lampe brûle toute la nuit, écoutez. « Ses fils se sont levés et enrichis. » Nous vivons maintenant dans ta pauvreté, nous veillons dans la pauvreté et quand nous mourons nous nous endormons encore dans la pauvreté ; mais nous nous éveillerons et nous serons riches. Ses fils alors seront opulents. « Ses fils se sont « levés et se sont enrichis. » Parle maintenant de toutes les richesses de cette terre, exposées aux voleurs et aux vers ! Pourquoi te vanter ? S’il te faut beaucoup, c’est que tu es faible. Tu as besoin de vêtements nombreux, parce que tu ne peux endurer le froid ; de recourir aux bêtes de somme, parce que tu ne peux aller à pieds. Ce sont là des appuis de la faiblesse, non des ornements de la puissance. Les Anges ont-ils ces sortes de richesses ? Pour tout vêtement ils ont la lumière qui ne s’use ni ne se souille jamais. Là sont les vraies richesses, parce qu’on n’y connaît ni indigence ni besoin. Pourquoi donc chercher maintenant avant de t’éveiller ? Si tu es fils de la femme forte, considère à quelle époque on te promet l’opulence. « Ses fils se sont levés et ont été enrichis. » Dispose-toi à recueillir des trésors à la résurrection. Ne t’attache point à ceux de cette vie, pour mériter d’obtenir ceux-là. « Ses fils se sont levés et ont été enrichis. »
26. « Et son Époux l’a louée. » Nous la1oucrons aussi, mais non de nous-mêmes. « Son Époux l’a louée lui-même. » Quand « ses fils se sont levés et ont été enrichis », il a jeté les yeux sur elle, il l’a regardée et louée. Qui ne voudrait savoir quelles louanges il lui a données ? Si vous avez eu tant de plaisir à nous l’entendre louer, quels seraient nos transports, si nous pouvions entendre comment l’a louée son Époux ? Il l’a louée à la résurrection : nous l’entendrons quand nous serons ressuscités. Mais dès maintenant ne l’a-t-il pas louée ? Voici, voici la louange qu’il lui donne, la louange qui la suivra partout. Écoutez, écoutez comment son Époux l’a louée en la voyant déjà si heureuse du bonheur de ses enfants, enrichis à la résurrection des morts.
27. « Beaucoup de filles ont fait des actes de puissance », Ce sont les louanges que lui donne son Époux. « Beaucoup de filles ont fait des actes de puissance. » Quelles sont ces filles auxquelles on l’a comparé sans quelles lui soient comparables ? « Beaucoup de filles on fait des actes de puissance ; mais tu les as surpassées. » Attention ! je vous prie, nous fonctions au terme de la leçon. J’ai besoin que vous soyez plus attentifs que jamais, et j’ai peur que vous ne soyez fatigués. Écoutons ces louanges. « Beaucoup de filles ont fait des actes de puissance ; mais tu les as surpassées, tu t’es élevée an dessus de toutes. » Quelles sont ces autres filles qui ont fait des actes de puissance, que la femme forte a surpassées et

  1. Cant. 2, 4