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leur inflige aussi de quoi les faire éternellement gémir. Ne méprise pas ces ténèbres, ô homme perdu de débauches, toi qui pour te livrer à tes œuvres coupables, à tes honteux adultères, recherchés plutôt les ténèbres que tu n’en as horreur et te livres à plus de joie quand les flambeaux sont éteints : car ces ténèbres qui t’attendent ne sont compatibles ni avec la joie, ni avec le plaisir, ni avec les voluptés et les délectations des sens. Quelles seront-elles donc ? « Là il y aura pleurs et grincements de dents. » Le bourreau frappe sans relâche, sans relâche le coupable est frappé ; le bourreau tourmente sans se fatiguer, le coupable est tourmenté sans mourir.
Ainsi des larmes éternelles à ceux qui ont mal vécu ; aux saints d’éternelles joies quand « ils « viendront avec allégresse, portant leurs gerbes « dans leurs mains. » Car au temps de la récolte ils diront à leur Seigneur : Avec votre secours, Seigneur, nous avons accompli vos ordres, daignez accomplir vos promesses.


SERMON XXXII. DAVID ET GOLIATH. Ou : LA CONFIANCE EN DIEU[1].

ANALYSE. – On venait de lire plusieurs passages remarquables de l’Écriture. Saint Augustin s’arrête au psaume 143, qui célèbre la victoire de David sur Goliath. Or l’idée principale que le grand Docteur développera dans cet important discours, l’idée mère à laquelle il rattachera toutes les autres, peut se nommer la confiance en Dieu. De Dieu seul et de sa grâce nous devons attendre la force d’accomplir les divins commandements : de Dieu seul et de sa bonté nous devons espérer le vrai bonheur. – I. De Dieu seul et de sa grâce nous devons attendre la force nécessaire pour accomplir les divins commandements – En effet, 1° n’est-ce pas en Dieu seul que se confiait David quand il marchait contre son terrible ennemi ? 2° Que signifient les cinq pierres qu’il amasse dans le torrent pour les mettre dans la panetière où il recueille le lait, sinon les cinq livres de la loi ou plutôt la loi elle-même que l’ancien peuplé a violée, foulée aux pieds, et que le peuple nouveau supporte, pratique avec bonheur, parce que le bon Pasteur l’a toute pénétrée de sa grâce ? 3° Cette nécessité de la grâce, et conséquemment, de la confiance en Dieu, ne nous est-elle pas révélée encore dans ce que dit le psaume médité par nous, de l’impuissance et de la corruption de notre nature ? – II. De Dieu seul et de sa bonté nous devons attendre encore le vrai bonheur : car, ce bonheur n’est pas dans les biens de la terre. En effet, 1° ces biens sont plutôt des instruments de péché, et le démon ne, nous fait commettre le mal qu’en excitant en nous le désir de les posséder ou la crainte de les perdre. 2° Dieu souvent les refuse à ses serviteurs, parce qu’il prévoit qu’ils leur seraient nuisibles. 3° Ils importent si peu au bonheur, que quelquefois les méchants en sont comblés outre mesure. Aussi le bonheur n’est qu’en Dieu ; et nous devions nous attacher à Dieu pour lui-même.


1. Lorsqu’on lisait les saintes Écritures, notre Dieu et Seigneur, pour panser et guérir les plaies de l’âme, nous y a présenté, comme dans des trésors divins, des remèdes en grand nombre notre ministère doit maintenant les appliquer à nos blessures comme aux vôtres. Serviteurs employés par le grand Médecin à guérir autrui, nous ne prétendons pas n’avoir pas besoin de guérison nous-mêmes ; et si nous nous attachons à lui, si de tout notre cœur nous nous abandonnons d son traitement, tous nous serons guéris. On a lu aujourd’hui beaucoup de passages de haute importance et de nécessité première. Il est vrai, tout se ressemble dans l’Écriture : il y a cependant des vérités qui s’y cachent plus profondément pour exercer ceux qui les recherchent ; il en est d’autres qui sont pour ainsi dire sous la main et à découvert afin de servir de remèdes à ceux qui les désirent. Le psaume que nous allons étudier contient de profonds mystères, et si nous voulions les examiner tous en particulier, nous n’y suffirions pas, je le crains. Notre faiblesse rencontrerait des obstacles, soit dans les chaleurs de la saison, soit dans le défaut de forces corporelles, soit dans la lenteur de l’intelligence, soit même dans notre incapacité, car nous sommes au-dessous de cette tâche. Nous choisirons donc quelques traits seulement, comme il nous semble convenable pour accomplir notre devoir et nous conformer à l’intention de votre charité.
2. Voici d’abord le titre du psaume :« À

  1. Ps. 143