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CHAPITRE XXXI. IMPORTANTE PRÉDICTION RELATIVE A JÉSUS-CHRIST.

47. Que les faux panégyristes de Jésus-Christ qui ne veulent pas être chrétiens cessent donc de dire que sa doctrine n’impose aucune nécessité d’abandonner leurs dieux et de briser leurs idoles. Car le Dieu d’Israël qui, suivant les prédictions, devait être un jour appelé le Dieu de toute la terre, et qui de fait est maintenant appelé le Dieu de toute la terre ; le Dieu d’Israël, auteur de ces prédictions énoncées par l’organe des prophètes, les a accomplies dans le temps voulu, par le ministère du Christ. En effet, s’il est maintenant appelé le Dieu de toute la terre, il faut bien rapporter à l’époque où le monde l’a connu comme seul vrai Dieu, l’accomplissement des oracles par lesquels il ordonnait ce grand événement. Or, qu’il ait été connu par le Christ et dans le Christ, cette circonstance était prédite ; et ceux qui le voudront peuvent lire dans le même prophète, cité un peu plus haut, qu’au moyen du Christ, l’Église devait s’étendre par tout l’univers et que, par l’Église, le Dieu d’Israël serait appelé le Dieu de toute la terre. Ou plutôt, je vais mettre moi-même ce passage sous les yeux de mes lecteurs ; il n’est pas d’ailleurs tellement long que je doive négliger de le transcrire. Nous y voyons bien des choses touchant la venue, les abaissements, la passion du Christ et le corps dont il est le chef, c’est-à-dire, son Église, lorsqu’elle est interpellée comme stérile et sans enfants. Durant longues années, en effet, celle à qui devaient appartenir toutes les nations ne parut pas dans ses enfants, c’est-à-dire, dans les Saints ; le Christ n’étant pas encore annoncé par les Évangélistes à ceux qui n’avaient pas entendu les prophètes. Or, il est dit ensuite, que celle qui est abandonnée aura plus d’enfants que celle qui a un mari. Ce nom de mari désigne la loi, ou le roi qui fut donné au premier peuple d’Israël : aussi bien, les nations n’avaient pas reçu la Loi dans le temps où parlait le prophète, et le Roi des chrétiens n’était pas encore apparu aux nations, chez qui cependant on a vu surgir un nombre beaucoup plus considérable de fidèles que chez le peuple juif. Voici donc comme parle Isaïe, en présentant d’abord les abaissements du Christ, puis en se retournant vers l’Église pour lui adresser la parole, jusqu’au verset que nous avons rappelé précédemment et dans lequel nous lisons : « Et celui qui t’a rachetée, le Dieu d’Israël, sera appelé le Dieu de toute la terre. » « Mon fils, dit-il, sera rempli d’intelligence il sera exalté et grandement honoré. Comme beaucoup doivent être saisis d’admiration à ton sujet, ô mon peuple, et que ta beauté paraîtra cependant flétrie aux yeux de tous et ta gloire perdue devant les hommes ; ainsi lui-même sera-t-il pour beaucoup de nations un objet d’étonnement, et les rois se tiendront devant lui dans le silence, parce que ceux à qui il n’avait pas été annoncé, verront, et que ceux qui n’avaient pas entendu parler de lui comprendront. Seigneur, qui a cru à notre parole et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ? Nous l’avons annoncé devant le Seigneur : il est comme un enfant, comme un rejeton qui s’élève d’une terre sèche et aride. Il n’a ni beauté ni éclat. Nous l’avons vu dépouillé de toute gloire et de toute beauté : son visage est abattu et contrefait, objet du mépris de tous les hommes : c’est un homme couvert de plaies et qui a l’habitude des souffrances. Aussi sa face s’est détournée : compté pour rien, il a été accablé d’outrages. Il porte nos iniquités ; c’est pour nous qu’il est dans la douleur. Et nous l’avons pris pour un homme assujetti par son état aux plaies et aux tourments. Mais il a été blessé à cause de nos péchés, soumis à la douleur à cause de nos iniquités. Le châtiment qui pouvait nous procurer la paix est tombé sur lui et nous avons été guéris par ses meurtrissures. Tous nous avions erré comme des brebis égarées, et le Seigneur l’a livré pour nos péchés. Et quoique traité d’une manière si cruelle il n’a pas ouvert la bouche. Il a été conduit à la mort comme une brebis, et de même qu’un agneau se tait devant celui qui le tond, il n’a pas ouvert la bouche pour se plaindre. Condamné, il est mort dans la dernière humiliation. Qui redira son origine ? car sa vie a été retranchée de la terre ; il a été conduit à la mort par les iniquités de mon peuple. Je lui donnerai donc les méchants pour le prix de sa sépulture et les riches pour la récompense de sa mort, parce qu’il n’a point connu l’iniquité, et que sa bouche n’a jamais proféré le mensonge. Le Seigneur veut le guérir de ses plaies. O hommes, si vous donnez votre vie pour vos iniquités, vous verrez votre race durer très-longtemps. Et le Seigneur veut arracher sa vie aux douleurs, lui montrer la lumière, le revêtir