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QUATRIÈME SÉRIE.

DISCOURS SUR LE PSAUME 61

SERMON AU PEUPLE.

SOUMISSION A DIEU.

Séparé des méchants par la dignité de sa vocation, le chrétien, comme l’Église entière, se voit persécuté par eux, tantôt d’une manière sanglante, tantôt par des procédés violents et toujours honteux pour ceux qui les emploient. La lutte entre Babylone et la cité de Dieu, entre les justes et les pécheurs, durera jusqu’à la fin des siècles. Néanmoins, il reste soumis à Dieu : loin de se venger, il souhaite et demande la conversion de ses adversaires ; il attend de Dieu son secours en ce monde et sa gloire en l’autre. Voilà les seuls biens réels qu’on puisse désirer ; aussi, dans sa charité, s’efforce-t-il de détourner ses ennemis de l’amour des faux biens du monde et de les rapprocher de Dieu : là, ils apprendront à. connaître la vérité qui éclaire l’homme, et à pratiquer la vertu qui le sauve.


1. La grâce de Dieu, qui répand sur nous ses délices afin de féconder notre terre[1], nous fait trouver dans l’étude et l’intelligence de la parole sainte un plaisir si suave, que nous nous sentons pressés, nous, de vous l’expliquer, et vous, de l’entendre. Je le remarque avec bonheur et je m’en réjouis ; vous n’éprouvez aucun ennui à nous écouter : vous apportez même à nos discours un goût intérieur très prononcé, et, sous son influence, loin de repousser cette salutaire nourriture de vos âmes, vous la recevez avidement, et vous en faites votre profit. Aussi vous entretiendrons-nous encore aujourd’hui, pour vous expliquer, autant que le Seigneur nous le permettra, le psaume que nous venons de chanter. Voici son titre : « Pour la fin, pour Idithun, psaume à David ». Je me souviens de vous avoir déjà indiqué le sens du mot Idithun. Si j’entre bien dans la pensée de l’auteur, et si je rends bien toute la force de l’expression hébraïque, je le traduirai dans notre langue par ces autres mots : Homme qui les dépasse. Celui dont les paroles vont nous occuper, en dépasse donc d’autres ; puis, du lieu élevé où il est parvenu, il jette sur eux un regard de dédain. Voyons donc jusqu’où il s’est avancé : cherchons à connaître ceux qu’il a dépassés, et l’endroit où il s’est arrêté encore, quoiqu’il en ait dépassé plusieurs : cherchons à connaître cette demeure invisible, où il trouve sa sécurité, cet abri tranquille du haut duquel il contemple le spectacle qui s’étend à ses pieds, cette maison spirituelle en dehors de laquelle il se penche, non pour s’exposer à une chute dangereuse, mais pour

  1. Ps. 84,13