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esclave : Il en est beaucoup, Seigneur, qui se disent martyrs, beaucoup qui se disent serviteurs, parce qu’ils en appellent à votre nom, sous le voile de telle hérésie, de telle erreur ; mais comme ils sont en dehors de votre Église, ils ne sont point les fils de votre servante : « Pour moi, je suis votre serviteur et fils de votre servante ».
7. « Vous avez brisé mes liens, et je vous offrirai un sacrifice de louanges »[1]. Je n’ai trouvé en moi aucun mérite lorsque vous avez brisé mes liens ; aussi vous dois-je un sacrifice de louanges : bien que je me glorifie d’être votre serviteur et le fils de votre servante, ce n’est point en moi, mais bien en vous, Seigneur, mon Dieu, que je me glorifie, puisque vous avez rompu mes liens, afin qu’en revenant de mes erreurs, je vous fusse attaché.
8. « J’accomplirai mes vœux au Seigneur »[2]. Quels vœux accompliras-tu ? Quelles victimes as-tu promises ? Quel encens ? Quels holocaustes ? N’as-tu pas en vue ce que tu disais tout à l’heure : « Je prendrai le calice du salut, et j’invoquerai le nom du Seigneur, et je « vous offrirai un sacrifice de louanges ? » Et en effet, celui qui réfléchit à ce qu’il doit promettre au Seigneur, aux vœux qu’il doit lui rendre, qu’il se voue lui-même, et qu’il s’offre à Dieu. Voilà ce que le Seigneur exige, et ce qui lui est dû. « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu »[3], disait le Seigneur en regardant une pièce de monnaie. On rend à César l’argent frappé à son effigie : que l’on rende à Dieu son image.
9. Mais quiconque se souvient qu’il n’est pas seulement serviteur de Dieu, qu’il est encore le fils de sa servante, comprend où il doit rendre ses vœux au Seigneur, en se conformant au Christ et en prenant le calice du salut. « A l’entrée de la maison du Seigneur », dit le Prophète. Cette maison de Dieu est aussi la servante de Dieu, et quelle est la maison de Dieu, sinon son peuple ? Aussi le Prophète a-t-il ajouté : « En présence de tout son peuple ». Déjà il nomme plus clairement sa mère. Qu’est-ce, en effet, que son peuple, sinon, comme il le dit ensuite : « Au milieu de vous, ô Jérusalem »[4]. C’est alors que l’offrande est agréable au Seigneur, quand elle est faite en paix et avec un esprit de paix. Or, ceux qui ne sont point fils de cette servante, ont préféré la guerre à la paix. Mais, de peur qu’on ne s’imagine que cette entrée de la maison du Seigneur et tout ce peuple désignent le peuple juif, parce que le Prophète a terminé le psaume en disant : « Au milieu de vous, ô Jérusalem », nom qui fait l’orgueil des Israélites selon la chair, écoutez le psaume suivant, composé de quatre versets.


DISCOURS SUR LE PSAUME 116

SUITE DU SERMON PRÉCÉDENT.


« Nations, louez toutes le Seigneur ; peuples, célébrez tous ses louanges[5] ». Telle est l’entrée de la maison du Seigneur, ou tout ce peuple qui forme la véritable Jérusalem. Qu’ils écoutent surtout, ceux qui n’ont point voulu être les fils de cette cité, qui se sont eux-mêmes retranchés de la communion de tous les peuples. « Parce que sa miséricorde s’est affermie sur nous, et que la vérité du Seigneur demeure éternellement ».[6] miséricorde et la vérité, voilà deux attributs que je vous ai priés de retenir dans le psaume cent-treizième[7]. « La miséricorde du Seigneur s’est affermie sur nous », quand la fureur des nations s’est apaisée, cédant à la sainteté de son nom, par lequel nous est venue la délivrance : « Et la vérité du Seigneur demeure éternellement », soit dans les promesses qu’il a faites aux justes, soit dans ses menaces contre les impies.

  1. Ps. 115,17
  2. Id. 18
  3. Mt. 22,21
  4. Ps. 115,19
  5. Ps. 116,1
  6. Id. 2
  7. Voyez Discours sur le Ps. 113, serm. 1, num. 13.