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ceux qui ont vu en cela des figures, sont devenus héritiers du Nouveau Testament : « Parce que la Jérusalem qui est en haut est libre, et c’est elle qui est notre Mère pour l’éternité dans les cieux[1] ». Or, il est prouvé que cet Ancien Testament n’avait que des promesses transitoires : « Il a établi son Testament pour jamais ». Or, quel Testament, sinon le Nouveau ? O toi, qui veux en être l’héritier, point d’illusion, ne va point te figurer une terre où coulent le lait et le miel, ni d’agréables maisons de campagne, ni des jardins avec des fruits et des massifs ; loin de toi de désirer ce que peut convoiter l’œil des avares. Comme l’avarice est la source de tous maux[2], il faut l’étouffer en ce monde, afin qu’elle y meure, et non la réserver pour l’autre vie, pour y chercher satisfaction. Commence par fuir les peines de l’autre vie, par éviter l’enfer : avant de convoiter les promesses de Dieu, garde-toi de ses menaces, « Car son nom est saint et terrible ».
9. Au lieu de toutes les délices de ce monde que vous avez goûtées, ou que votre imagination peut grossir et multiplier, ne désirez plus que la sagesse, mère des impérissables délices ; et « le commencement de cette sagesse, c’est la crainte du Seigneur ». C’est elle qui fera vos délices, qui vous fera goûter d’ineffables joies dans les chastes et éternels embrassements de la vérité : mais avant de chercher une récompense, il faut tout d’abord que tes péchés soient remis. « Le commencement de la sagesse est donc la crainte du Seigneur[3] ». L’intelligence est bonne, qui oserait le nier ? Mais il est dangereux de comprendre et de ne point agir. Alors « l’intelligence est bonne pour ceux qui agissent ». Que notre esprit ne s’enfle point d’orgueil. Car celui dont la crainte est le commencement de la sagesse, est aussi celui « dont la eu louange demeure de siècle en siècle ». Telle sera la récompense et la fin ; et la station, le repos éternel. C’est là qu’on trouve les oracles fidèles, confirmés de siècle en siècle ; tel est l’héritage du Nouveau Testament, héritage affermi pour l’éternité. « J’ai fait au Seigneur une prière unique, et j’insisterai, c’est d’habiter dans la maison du Seigneur tous les jours de ma vie[4]. Bienheureux ceux qui habitent la maison du Seigneur ; ils le béniront dans les siècles des siècles[5], parce que sa gloire demeure dans le siècle des siècles ».



DISCOURS SUR LE PSAUME 111

SERMON AU PEUPLE.

LE TEMPLE SPIRITUEL.

L’inscription du titre porte : Conversion d’Aggée et de Zacharie. Ces prophètes, bien postérieurs à l’époque des Psaumes, ont prédit la reconstruction du Temple après les soixante-dix années de captivité. Mais ce temple est l’Église, par qui l’homme est renouvelé et entre comme pierre vivante dans sa construction. Tel est le temple que prophétisaient Aggée et Zacharie, et dont le couronnement sera la sagesse qui commence par la crainte du Seigneur. C’est au Seigneur qu’il appartient de juger l’homme qui se fait un bonheur d’accomplir sa loi, dont la postérité sera puissante sur la terre, puisqu’elle pourra, par de bonnes œuvres, acquérir la vie éternelle. Loin de nous d’agir pour un motif humain, et de perdre la gloire qui demeure de siècle en siècle. Dieu nous a tirés de la vie ténébreuse pour nous apprendre à mériter le ciel par le pardon et le bienfait. L’homme doux, du Psaume, pardonne et prête ; et il y a dans le pardon une gloire plus pure que dans la vengeance, dans le bienfait une richesse plus solide que celle de la terre. La gloire donc et les richesses sont pour le cœur juste. Régler nos paroles pour le jugement, c’est aussi régler nos œuvres qui nous défendront alors ; de là cette bénédiction pour la race des justes, tandis que leurs ennemis n’ont voulu que les biens périssables, et seront loin du Verbe de Dieu.


1. Je pense, mes frères, que vous avez en tendu et fixé dans votre mémoire le titre de ce psaume : « Conversion d’Aggée et de Zacharie », est-il dit. Or, ces Prophètes n’étaient point encore, quand ce cantique fut chanté. Car, entre l’époque de David et la transmigration du

  1. Gal. 4,26
  2. 1 Tim. 6,10
  3. Ps. 110,10
  4. Id. 16,4
  5. Id. 83,5