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qu’il monterait au ciel pour s’asseoir à la droite de son Père, accomplissant ainsi ses promesses à l’égard des Gentils, et qu’après l’accomplissement de ses promesses à l’égard des Gentils, il exécuterait encore ce qu’il avait dit ; qu’il viendrait, et se ferait rendre compte de ses grâces, afin de faire le discernement des vases de colère, et des vases de miséricorde, pour accomplir ses menaces à l’égard de l’un pie, ses promesses à l’égard du juste voilà ce qu’il fallait prophétiser, ce qu’il fallait annoncer, l’avènement qu’on devait prêcher, afin qu’il ne causât aux hommes ni frayeur ni surprise, mais qu’il fût attendu avec foi. Parmi ces promesses, il faut compter notre psaume, qui annonce Jésus-Christ Notre-Seigneur d’une manière claire et évidente ; en sorte qu’il est indubitable pour nous que ce psaume est une prophétie du Christ, car nous sommes chrétiens, et nous en croyons à l’Évangile. Un jour que le Seigneur et Sauveur Jésus-Christ demandait aux Juifs de qui, selon eux, le Christ était fils, et qu’ils répondaient de David ; il leur répliqua aussitôt « Comment donc David nous dit-il par l’Esprit-Saint : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à s ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marchepied ? Si donc David, parlant par e l’Esprit-Saint, l’appelle son Seigneur, comment est-il son Fils[1] ? » C’est par ce verset même que commence le psaume.
4. « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : « Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marchepied[2] ». C’est donc par cette question que pose aux Juifs Notre-Seigneur, qu’il nous faut commencer l’explication du psaume. Que l’on nous demande en effet si nous confirmons, ou si nous contredisons la réponse des Juifs ; loin de nous de la contredire. Si l’on nous demande : Le Christ est-il filé de David, ou ne l’est-il point ? Répondre non, c’est contredire l’Évangile ; car saint Matthieu commence de cette manière le récit évangélique : « Livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David[3] ». L’Évangéliste proclame donc qu’il écrit le livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David, Les Juifs eurent donc raison de répondre au Christ, qui leur demandait de qui ils croyaient que le Christ était fils, que c’était de David. Cette réponse est d’accord avec l’Évangile. C’est ce qu’établit non seulement l’opinion des Juifs, mais la foi des chrétiens. Je trouve aussi d’autres preuves. L’Apôtre dit de Jésus-Christ qu’« il est né, selon la chair, de la race de David[4]1 » ; et, s’adressant à Timothée : « Souvenez-vous », lui dit-il, « que Jésus-Christ de la race de David est ressuscité des morts, selon l’Évangile que je prêche ». Et que dit-il à propos de cet Évangile ? « Pour lequel je souffre jusqu’à être chargé de chaînes, comme un malfaiteur ; mais la parole de Dieu n’est point enchaînée[5] », L’Apôtre souffrait donc jusqu’à être chargé de chaînes pour son Évangile, c’est-à-dire pour la dispensation de cet Évangile qu’il prêchait aux peuples, qu’il répandait parmi les nations. Lui qui le matin avait enlevé les dépouilles, et le soir partagé le butin[6], souffrait donc jusqu’à être enchaîné pour la bonne nouvelle. Quelle bonne nouvelle ? « Que le Christ, fils de « David, est ressuscité d’entre les morts ».C’est pour cette nouvelle que souffrait l’Apôtre, et néanmoins c’est à ce sujet que le Sauveur interrogeait les Juifs ; et quand ils répondaient ce que prêchait l’Apôtre, il releva cette réponse comme pour la contredire : « Comment donc David, parlant dans l’Esprit de Dieu, l’appelle-t-il son Seigneur ? » Et il cita en preuve cet endroit du psaume : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur. Si donc, dans l’Esprit de Dieu, il l’appelle son Seigneur, comment est-il son fils ? » Cette question imposa silence aux Juifs : ils ne trouvèrent aucune réponse, mais ils ne cherchèrent point à l’avoir pour Seigneur, parce qu’ils ne le reconnaissaient point pour le fils de David. Pour nous, mes frères, croyons et parlons : « Car c’est dans le cœur qu’est la foi qui justifie, et dans la bouche la confession qui sauve[7] ». Croyons, dis-je, et proclamons que le Christ est fils de David et Seigneur de David. N’allons point rougir du fils de David, afin de n’irriter point le Seigneur de David.
5. C’est de ce nom que l’appelèrent, quand il passait, ces aveugles qui méritèrent de recouvrer la vue. Jésus passait, et ces aveugles qui entendaient passer une troupe, connurent de l’oreille Celui qu’ils ne pouvaient voir des yeux, et poussèrent de grands cris en disant : « Ayez pitié de nous, fils de David[8] ». Or, la

  1. Mt. 22,42-45
  2. Ps. 109,1
  3. Mt. 1,1
  4. Rom. 1,3
  5. 2 Tim. 2,8-9
  6. Gen. 49,27
  7. Rom. 10,10
  8. Mt. 20,29-34